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La journée sans immigrés du 1er Mars 2010 : Interview de Nadia Lamarkbi

La France s’apprête à vivre un grand jour, le 1er Mars 2010, un jour durant lequel les immigrés et leurs descendants cesseront toute activité (consommation, vente, travail, aller à l'école…) afin de montrer l’importance du travail des immigrants pour l'économie de l’Hexagone. Yabiladi.com a interrogé l’initiatrice du mouvement « La journée sans immigrés – 24h sans nous », Nadia Lamarkbi, journaliste au Courrier de l’Atlas. Elle a évoqué les préparatifs et les actions entreprises pour l’organisation de cette manifestation. Elle s’est exprimée aussi sur ses retombés.

- Yabiladi : D’aucuns disent que le discours de Brice Hortefeux envers un jeune militant d’origine maghrébine, lors de l’université d’été de l’UMP en fin août à Seignosse, a été la goutte qui a fait débordé le vase, et vous a fait prendre conscience du regard d’une partie de la société française sur les immigrés. Qu’en dites-vous ?
- Nadia Lamarkbi : La prise de conscience était déjà là avant. Au quotidien, le poids du regard d’une certaine franche de la population, tantôt compatissant tantôt méprisant, se ressent. Mais il est vrai que les paroles du ministre de l’Intérieur et toutes les tentatives pathétiques pour expliquer ses propos ont fini de nous convaincre qu’il est temps de mettre un frein à tous cela. Notre action est citoyenne et nous voulons agir sur un levier essentiel qui est la consommation et donc l’économie.

- Vous avez opté pour le 1er mars 2010, tout en s’inspirant du « Great American Boycott », du 1er mai 2006 (jour non férié aux Etats-Unis) où des centaines de milliers de personnes d'origine hispanique, ont tout boycotté (travail, école, consommation) pour faire pression sur le Congrès dans le cadre de la réforme sur l'immigration. Qu’est-ce qui a motivé le choix de cette date ?
- Le 1er mars 2005 est le jour de l’entrée en vigueur des lois CESEDA, dit aussi code des étrangers dont le but est la « sélection » des étrangers sur critères économiques. Ainsi, c’est l’institutionnalisation du lien entre l’économie et l’immigration. Bien sûr ce lien existait déjà de manière implicite mais jamais explicité aussi clairement. Mais attention, notre action n’est pas en direction des législateurs mais de l’opinion publique. Nous n’avons pas de revendication, nous ne réclamons rien. Cette journée se veut celle de la Dignité et du Respect réciproque. Nous pensons que l’immigration est une richesse et une nécessité. La France s’est construite grâce aussi aux immigrés. Pour que notre pays fonctionne, il a besoin de nous tous, de ceux qui balaient les rues à ceux qui travaillent dans les ministères. Sans nous, il risque bien d’y avoir des problèmes !

- Nous sommes à seulement quatre mois de ce grand événement. Quelles ont été les démarches entreprises ? Pensez-vous pouvoir transposer le mouvement avec le même succès qu’ aux USA ?
- L'échéance est très courte, nous en sommes conscients. Mais le mouvement a connu un tel engouement et tellement de personnes se sont proposées pour nous aider que je vous avoue en avoir été moi-même surprise. Nous avons déjà des comités en région, qui travaillent localement à la mobilisation. Nous sommes entrés en contact avec des centrales syndicales, des associations, des personnalités publiques, des hommes politiques mais aussi des citoyens, qui comme nous sont conscients de l’apport essentiel de l’immigration à la France. C’est un effet boule de neige…
Pour ce qui est du mouvement américain, nous sommes dans un autre contexte. Les communautés aux USA sont très structurées. Pour notre part, nous ne sommes pas un mouvement communautaire, justement. Nous nous voulons fédérateur au-delà des différences.
L’avenir nous dira si le succès de la Journée sans immigrés : 24h sans nous ! sera à l’égal de celui outre-atlantique.

- Pensez-vous que cette action aura des répercutions politiques en France ? Avez-vous d’autres initiatives similaires en gestation ?
- Nous en sommes sûrs ! Dans le contexte actuel de débat sur l’identité nationale et à l’approche des élections régionales, les répercussions politiques sont évidentes.
Nous organisons prochainement une conférence de presse à l’assemblée nationale et un concert de soutien et nous comptons nous inviter à tous les événements en lien avec notre mouvement.

L'internet au coeur de cette manifestation

Facebook a été une première base de sensibilisation. Aujourd’hui, nous nous sommes montés en association pour des raisons purement administratives, nous avons des commissions qui travaillent sur plusieurs volets de la mobilisation, nous organisons des réunions régulièrement pour discuter de nos actions.
Nous avons aussi un site internet :
un blog plus souple qui permet plus d’interaction et un forum de discussion pour faciliter les débats sachant que nous sommes tous des actifs très occupés et qu’internet est un moyen rapide et efficace de se tenir au courant.


Propos recueillis par Ibrahima Koné
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