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France : Du porc mêlé à de la dinde « halal » ?

C’est justement la question à laquelle tente de trouver réponse les membres de l’Association rituelle de la grande mosquée de Lyon (ARGML). Lundi dernier, le site Al-Khanz.org annonçait qu’un consommateur musulman aurait déclaré sur le forum électronique de la mosquée, sous le pseudo de « Gabriel », avoir trouvé du porc dans la composition d’un produit alimentaire certifié « Halal » par cette même ARGML. La nouvelle fait tache d’huile et une grosse polémique s’en est suivie. Retour sur les faits.

Le produit en question était du « roulé de dinde ». Mais loin de contenir exclusivement de la viande de dinde, « Gabriel » découvre autre chose sur l’étiquette de la liste des ingrédients, qui le laisse « stupéfait ». Le produit, de marque « Royal Halal » et qui plus est, porte le tampon de la certification « halal » de l'ARGML, contenait du porc - ou plus précisément « de la barde de porc ». Cette mauvaise surprise a, pendant plusieurs heures, fait couler de la sueur froide sur le dos des responsables musulmans de la ville, notamment ceux de l’ARGML. Mais fausse alerte ! « Après vérification, il s’avère qu’il s’agissait d’une simple erreur d’étiquetage », précise le site Lyoncapitale.fr. Ouf !

A la suite de la gravité de cette découverte, la Grande Mosquée de Lyon n’a pas voulu s’en arrêter là. En effet, une poursuite judiciaire a été entamée par cette dernière contre le fabriquant du produit carné, Bernard Royal Dauphiné, le 15 septembre dernier. Il a ensuite exigé à ce producteur de charcuteries, de conserver tous les produits portant la même erreur, au réfrigérateur. Le but est de faire analyser par un expert judiciaire « la composition de ces produits et de dire s'ils sont exclusivement composés de viande halal ou s'il existe des composants autres et notamment du porc ». C’est le seul moyen d’en avoir le cœur net, sur cette affaire, pour l’ARGML et les plusieurs centaines de musulmans de Lyon.

En attendant les résultats des analyses, Bernard Royal Dauphiné joue la diplomatie en publiant sur le site de la Grande mosquée de Lyon un communiqué, le 16 septembre dernier, exprimant son mea-culpa et présentant ses excuses auprès des musulmans de la ville. Tout cela est bien beau de la part de la société, mais, comment se fait-il qu’il y ait du porc dans un produit censé être « halal » ?

A cette question, le communiqué répond par une explication très simple, reprise par Lyoncapitale.fr : « Lors de l'étiquetage du produit, la fabrication de l'étiquette, qui fait appel à un logiciel informatique centralisé, a conduit à imprimer par erreur la composition d'ingrédients d'un autre produit non halal, fabriqué sur un autre site du groupe ».

Cette affaire de viande « haram » certifiée « halal », relance le débat perpétuel sur le contrôle de ce genres de produits. Le site Al-kanz.org parle d’un « contexte favorable au faux-halal ». Il rejette ainsi la responsabilité aux musulmans eux-mêmes, qui ont souvent tendance à prendre tout ce qui brille pour de l’or. Le site pointe du doigt toutes les couches de la communauté : des organismes chargés d'accorder la certification « halal », au consommateur. « N’importe qui peut produire à peu près n’importe comment de la viande qu’il estampillera halal, avec la complicité ou non d’organismes tiers. Les musulmans ont confié la production de leur viande à des personnes qui se fichent de la sacralité du halal (…) Le halal n’est pour eux qu’une façon particulière de produire et de commercialiser la viande », s’indigne-t-on sur le site. Ce, avant d’avancer, plus loin, que « les organismes de certification sont nombreux mais aucun n’est vraiment à la hauteur des enjeux du halal ». Et le consommateur musulman dans tout ça ? Ces derniers «  veulent du halal, mais attendent que tout tombe du ciel. De toute façon, si le boucher du coin vend du faux-halal, tant pis pour lui, c’est « ‘ala raqabtu », expression consacrée que l’on pourrait traduire trivialement par « c’est pour sa pomme ! », affirme Al-kanz.org.

« Halal » ou « pas halal », le mot correspond à présent à une nouvelle réalité à laquelle les sociétés françaises de produits alimentaires semblent de plus en plus sensibles. Reste à savoir maintenant si ces sociétés prennent réellement en compte l’importance capitale que revêt ce terme pour un musulman.

Et ce débat semble dépasser le cadre alimentaire, car même les moteurs de recherche s'y mettent. Pour en avoir la preuve il suffit de faire un tour sur imhalal.com qui soit disant filtre toutes les pages « haram » du web.

Safall Fall
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