Abdel Nainia, un professeur de karaté de nationalité marocaine vivant à Figeac, département du Lot (région Midi-Pyrénées) est en passe d’être expulsé vers le Maroc. Une expulsion de plus serait-on tenté de dire. Mais l’histoire de ce volontaire bien connu des Figeacois, telle que rapportée par La Dépêche du Midi (LDM), est bien particulière.
Selon le quotidien régional LDM, Abdel Nainia serait arrivé légalement en France en août 2003. « Il est venu en France sur une procédure légale, une entreprise est allée l'embaucher au Maroc, mais elle a fait faillite et il est passé en situation irrégulière. Depuis, il a tenté de se faire régulariser par tous les moyens, ce qui lui a toujours été refusé. On lui reproche d'avoir sa femme au Maroc, alors qu'ils sont séparés », explique des membres du collectif pour l'aide aux sans-papiers. Ces derniers ont lancé un appel à tous les Figeacois à la mobilisation en faveur de leur professeur de karaté.
Le Marocain a été conduit le lundi matin à la gendarmerie de la ville. Dans l’après-midi vers 16 heures, le collectif d’aide aux sans-papiers s’est réuni en présence du maire-adjoint de Figeac, Antoine Soto, pour décider de la marche à suivre. Cet élu ne cache pas sa sympathie pour l’homme qui risque une expulsion dans les jours à venir. « Nous connaissons bien Abdel à la Mairie, il s'est investi dans le karaté mais aussi avec Emmaüs (ensemble d’associations caritatives laïques françaises fondées par l’abbé Pierre, pour venir en aide aux plus pauvres, exclus, réfugiés et aux sans domicile fixe), c'est un grand bénévole. Il parle très bien français et est très intégré. C'est quelqu'un de doux, non violent et très sympathique », a-t-il dit.
La rencontre des défenseurs d’Abdel a abouti sur un rendez-vous le mardi à 10h30. Un appel a alors été lancé pour un rassemblement devant la sous-préfecture. L’objectif était de rencontrer le sous-préfet et aboutir à une fin heureuse. La popularité du karatéka ne fait aucun doute dans cette petite commune. C’est lui qui avait fait une démonstration de son art martial sous les « hourras » de la foule, lors de l'étape du Tour de France 2008 à Figeac. La concertation d’hier matin aurait porté ses fruits selon LDM, du moins pour le moment.
Abdel Nainia a été transféré dans l’après-midi du mardi au centre de rétention de Cornebarrieu en Haute-Garonne. Plus tard, une délégation – membres du collectif et maire-adjoint – a eu un entretien avec le sous-prefet. Ils sortiront de la réunion en apprenant que l’affaire Abdel était devenue judiciaire. Désormais c’est au tribunal de grande instance de Toulouse de décider de son sort. Il devrait y passer ce mercredi à 14 heures pour que le juge se prononce sur sa remise en liberté. D’ores et déjà, les membres du collectif s’étaient donnés rendez-vous à 11 h 30 afin de poursuivre leurs actions. De même un recours a été déposé par son avocat et devrait faire l'objet d'une audience au tribunal administratif prochainement.
« Si jamais Abdel est remis en liberté, le sous-préfet est prêt à nous recevoir pour envisager des démarches de régularisation », expliquait des membres de la délégation à l’issue de l’entrevue avec le sous-préfet. « Nous avons insisté sur l'intégration parfaite d'Abdel à Figeac. On leur a fait comprendre que cette affaire allait faire des vagues. Même économiquement, il ne posait pas de problèmes. On a au moins 3 ou 4 promesses d'embauches. S'il était régularisé, il aurait un travail », ont-ils ajouté. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que la ville garde son professeur de karaté.
Ibrahima Koné
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