Les pays colonisés doivent-ils obtenir réparation ? La question revient sur le devant de la scène. Les ONG des pays victimes de colonisation revendiquent, haut et fort, outre le pardon des puissances coloniales, des dédommagements financiers à travers le soutien de projets de développement.
Ces associations se donnent rendez-vous les 25 et 26 juin prochain à Fès pour concertation. Ce 3e forum méditerranéen international des ONG, qui se tiendra sous le thème «l'excuse et la compensation des époques coloniales sont deux éléments essentiels pour la construction d'une réconciliation internationale», est initié par l'Agence méditerranéenne pour la coopération internationale. Son président, Mohamed El Qadi, explique les objectifs de cette rencontre internationale. «Le colonialisme a pesé et pèse lourdement sur le processus du développement des anciennes colonies qui se placent à tort sous l'appellation de pays en voie de développement ou pays retardés ou bien Tiers-monde», souligne cet acteur associatif avant de poursuivre : «notre objectif est de rappeler à la communauté européenne sa responsabilité morale et déontologique envers les peuples du sud».
Les initiateurs de cette rencontre estiment que la réconciliation internationale ne peut se réaliser que si les pays occidentaux présentent leurs excuses et indemnisent les peuples victimes des violations des droits de l'homme commises pendant l'ère coloniale. Pour Mohamed El Qadi, cette démarche contribuera à consolider davantage les valeurs de tolérance, de solidarité, de dialogue et à promouvoir la culture des droits de l'homme et surtout, à établir une confiance mutuelle pour une coopération plus fructueuse entre les pays du nord et ceux du sud. «La communauté européenne doit comprendre que son avenir est lié à celui des pays du sud. C'est pourquoi elle doit participer à leur développement».
D'emblée, les participants du forum se pencheront sur les entraves du développement méditerranéen (économique, social et démocratique), qui sont une conséquence
directe du colonialisme. Les intervenants examineront de très près les problèmes de la jeunesse et les obstacles qui se dressent face au développement durable des pays du sud. La problématique de «la migration et la démocratie» est également prévue au programme de ces deux jours de travail. Les ONG s'attelleront ensuite à l'élaboration d'un plan d'action pour atteindre les objectifs escomptés de cette rencontre.
Les initiateurs ambitionnent même de créer une instance composée de juristes, d'avocats, d'académiciens et d'experts, qui sera chargée d'assurer le suivi et de veiller à la mise en oeuvre des recommandations issues du Forum.
Selon les organisateurs, une pléiade de personnalités prendra part à cet événement. Une quarantaine d'ONG ont déjà confirmé leur présence. Outre le Maroc, pays hôte, y prendront part des représentants de la Libye, de la Tunisie, d'Egypte, de la Syrie, de la Palestine, du Liban, du Yémen et du Cameroun, entre autres.
Khadija Skalli
Source: Le Soir Echos