La société marocaine accepte difficilement les enfants hors mariages. De ce fait les mères célibataires sont vues comme des parias non seulement par leur famille mais aussi dans le reste du quartier. Un centre d'accueil basé à Casablanca créé par Aicha Ech-Chana s'occupe de ces femmes dans le but de les donner un nouveau départ dans leur existence. Khadija Noha, est une pensionnaire de ce centre, voici son histoire.
Khadija Noha n'était pas marié avec le père de son enfant. «J'avais l'habitude de sortir avec un homme et il l'a promis de me marier. Mais quand je suis tombée enceinte, il ne voulait plus me reconnaître », dit-elle à BBC News. A l'instar de cette jeune maman, elles sont nombreuses à entamer une grossesse hors mariage et se retrouvent la « risée » de tout le monde.
Khadija est venu accouchée dans la métropole économique du Maroc depuis qu'elle a été rejetée par sa famille. Elle fut ensuite recueilli par l'Association Solidarité Féminine (ASF) d'Aicha Ech- Chana. Aicha Ech-Chana a fondé l'ASF en 1985, l'association est reconnue d'utilité publique par l'État depuis 2002. En1995, l'ASF reçoit le prix des Droits de l'Homme de la République Française à Paris. Cette femme qui se dit « indignée » de la façon dont ces femmes sont traitées au Maroc, se bat corps et âme pour les mères célibataires comme Khadija. L'anthropologue Jamila Bargach, un expert sur la question affirme à BBC News qu'être mère célibataire est « considéré comme un affront à la famille, au quartier, à la ville... »
Khadija Noha dont l'enfant a déjà presque un an a trouvé assistance dans le Centre de l'ASF depuis son accouchement. Dans ce centre, elle fait des activités correspondantes à ses aptitudes; allant du suivi des cours d'alphabétisation, à l'apprentissage des métiers comme la couture, la pâtisserie, la restauration. Son bébé est gardé dans la crèche du centre pendant qu'elle travaille. Les produits de son travail sont écoulés au marché. Khadija et son enfant devront restés dans le centre au maximum 3 années avant d'aller commencer une nouvelle vie. Bien qu'il n'existe aucun chiffre, il semblerait que la majorité des mères célibataires soient rejetées par leur famille quelque soit leur profil socio-économique au Maroc. Khadija a eu beaucoup de chances, mais elles sont nombreuse à s'occuper seules de leurs enfants dans des conditions très difficiles,
Le Royaume du Maroc dont l'Islam est la religion d'État reste un pays conservateur. Les enfants nés hors mariage n'y sont pas acceptés. Des actions sont menées au niveau politique pour essayer de faire changer les choses. Mais on ne peut aborder la question facilement au risque de se heurter à la religion. Et tout assouplissement des textes en faveur des mères célibataires serait encourager et tolérer ce qui est interdit : les relations extraconjuguales. Dilemme.
Ibrahima Koné
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