Le 30 novembre de cette année marque le troisième anniversaire de la fin des travaux de l'Instance équité et réconciliation (1ER). A cette occasion, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) monte au créneau pour rappeler que les recommandations de l'instance présidée par feu Driss Benzekri ne sont toujours pas appliquées.
Ce qui vient contredire ce qu'a affirmé Ahmed Herzenni, le président du Conseil consultatif des droits de l'homme (CCDH), chargé par le roi de mettre en œuvre les recommandations de l'IER pour qui «les dossiers hérités du passé» sont sur le point d'être clos et qu'une grande partie des recommandations ont déjà été concrétisées. Herzenni a en effet annoncé, lors d'une rencontre régionale à Laâyoune, le retour du CCDH à sa vocation principale : «Nous nous concentrerons désormais davantage sur les droits économiques et sociaux, ainsi qu'environnementaux», a déclaré Herzenni. Pour le CCDH, l'indemnisation des victimes des années de plomb, la réparation du préjudice collectif et l'établissement de la vérité sur les cas de disparition sont presque achevés. L'AMDH ne l'entend pas de cette oreille. Pour l'association, le dossier est encore ouvert, car «il n'y a pas de réelle volonté politique» de le fermer, peut-on lire dans un communiqué. Selon l'AMDH, tant que les responsabilités ne seront pas établies, des poursuites judiciaires engagées contre les tortionnaires et que les réformes constitutionnelles voulues par l'IER n'ont pas encore été concrétisées, il n'est pas possible de passer à autre chose.
L'association dénonce également «la volonté du président du CCDH de noyer le dossier Ben Barka et de se dérober quant aux excuses que doit faire l'État», peut-on lire sur le même communiqué. «Herzenni montre la volonté de l'Etat marocain de clore ce dossier, alors que les recommandations de l'IER n'ont pas encore été mises en œuvre», déclare Khadija Riyadi, présidente de l'AMDH. Que propose l'AMDH concrètement ? « Une Constitution démocratique est nécessaire si l'on veut mettre fin aux violations des droits de l'homme», recommande l'AMDH. Plus radicale encore, l'AMDH propose de retirer le dossier des mains du CCDH et de le confier au Parlement et à l'Exécutif afin «d'appliquer sans attendre davantage, les recommandations de l'IER».
Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos