Nouveaux rebondissements dans l'affaire Belliraj. Les perquisitions opérées en fin de semaine (et qui ont permis l'arrestation de onze nouvelles personnes) se sont soldées par la découverte de nouvelles armes.
Un lance-roquettes a ainsi été déterré dans une maison à Bruxelles. Selon la police belge, il s'agit d'un lanceur mobile facile d'utilisation par un particulier. La découverte est intervenue alors que le parquet de Bruxelles enquête sur un éventuel réseau de trafic d'armes récemment volées à l'armée belge. Ce qui laisse supposer que d'autres armes pourraient être dissimulées ailleurs.
Voici qui donne tout son sens aux nouvelles interpellations. «Elles n'ont finalement pas eu lieu pour rien, comme l'ont laissé entendre certains», résume un journaliste à Bruxelles. D'autant que côté belge, on n'hésite pas à charger les personnes arrêtées, parmi lesquelles figurent sept ressortissants marocains. Ces derniers sont soupçonnés rien de moins que d'appartenance à un réseau terroriste qui préparait l'assassinat de ministres du gouvernement au Maroc, a précisé la porte-parole du parquet fédéral Lieve Pellens. Cette source médiatique nous précise que parmi les nouveaux accusés, figure le frère de Abdellatif Bakhti, arrêté en février dernier au Maroc lors du célèbre coup de filet contre les membres du réseau Belliraj et accusé notamment de grand banditisme. «On ne sait pas si, dans l'immédiat, ils pourraient être extradés vers le Maroc, mais ce n'est qu'une affaire de temps. Il faut en effet attendre que l'enquête du juge d'instruction belge Frédéric Lugentz soit bouclée», explique notre source bruxelloise.
Mais affirmer que ces personnes sont impliquées dans un réseau terroriste relève de la précipitation, selon le politologue marocain Mohamed Darif. «il arrive souvent que de pareilles interpellations aient lieu avant que la justice ne décide de relâcher les personnes arrêtées. On l'a vu avec les 13 Marocains arrêtés en Espagne», explique-t-il. Même si la police avait affirmé que des explosifs et des plans avaient été découverts, les concernés n'en ont pas moins été acquittés. «Pour ces dossiers, seule compte une confirmation officielle émanant non pas de la police mais de la Justice», dit encore le spécialiste des mouvements et groupes islamistes. Ces nouveaux rebondissements n'ont, autrement, rien d'étonnant. «Tout démantèlement de présumés réseaux terroristes est automatiquement suivi de nouvelles arrestations, des personnes étant toujours signalées recherchées», renchérit Darif. Dans le cadre de l'affaire Belliraj, 6 personnes sont encore recherchées, le Maroc ayant émis pas moins de 17 mandats internationaux d'arrêt rien qu'en Belgique. «On en saura plus sur la véritable dimension de ce réseau, qui avait toute l'Europe pour champ d'action, le jour où les services secrets du Maroc et de la Belgique collaboreront de manière continue et transparente, ce qui ne semble pas du tout être le cas», conclut le politologue.
Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos