Les antennes relais de la téléphonie mobile reviennent au-devant de la scène. Des habitants qui s'y opposent à Ben M'Sik à Casa ont été tabassés par les forces de l'ordre. Le milieu associatif des droits humains crie au scandale.
Les antennes relais de la téléphonie mobile font parler d'elles de nouveau. Mercredi matin, les habitants du quartier «Al Ahd El Jadid» à Ben M'Sik s'étaient réunis pour protester contre l'installation d'une nouvelle antenne. Leur manifestation sera finalement de courte durée, puisque le propriétaire du local, dont la terrasse a été louée à un opérateur de téléphonie, a fini par alerter les forces de l'ordre qui sont arrivées en grands renforts. Et qui, à en croire l'AMDH (Association marocaine des droits humains), n'y sont pas allées de main morte. Jeudi vers midi, c'est Mohamed Abou Ennassr, patron de la section casablancaise de cette ONG, qui était encore en train de faire le bilan des dégâts d'une «intervention policière d'une violence inédite» qui n'a épargné ni femmes, ni vieillards, ni même nourrissons. «C'était de la sauvagerie à l'état pur et, on ne sait pour quelle raison, les coups de matraque n'ont pas épargné la tête et les organes génitaux de manifestants pacifistes», déclare M. Abou Ennassr qui cite l'exemple d'un vieillard grièvement blessé. Un euphémisme, puisque Mohamed El Koraichi, né en 1920 et artiste peintre connu du quartier et de la ville, s'en est sorti avec des fractures au bassin. Inguérissables, précise son entourage. S. G, elle, venait juste de subir une opération chirurgicale, mais son état est des plus graves ayant été frappée là où elle a été opérée. Et puis, il y a Ala'e, un an à peine, qui a été carrément arraché du dos de sa mère et jeté par terre. Les militants de l'AMDH affirment même avoir relevé des traces de griffures qu'aurait subi le nourrisson. Et, pour finir, M.K, collégien de 15 ans, a été tabassé avant d'être embarqué par les forces de l'ordre qui ont effectué 12 arrestations au total : quatre femmes en plus de plusieurs militants de partis (PSU, CNI).
Tous avaient été relâchés vers 23 heures à l'exception de Saïd Diane, syndicaliste de la CDT et membre du CNI (Conseil national ittihadi). Et cela ne s'arrête pas à ce stade, puisque les douze personnes devaient être présentées à la justice vendredi ou samedi. «Nous sommes désormais, et depuis quelque temps, confrontés à cette nouvelle catégorie de dépassements et notamment aux quartiers Al Ahd EI Jadid et Al Hassania où des citoyens sont réprimés violemment pour avoir protesté contre des installations susceptibles de constituer de graves dangers pour la santé», commente Mohamed Abou Ennassr. Ce dernier affirme d'ailleurs qu'un comité de soutien aux habitants de ces deux quartiers a été mis en place et où sont représentés plusieurs ONG, syndicats et partis politiques. «Cela devient de plus en plus fréquent de voir des citoyens, un peu partout, tabassés pour avoir protesté de manière civilisée, au lieu d'être écoutés pour des revendications tout à fait légitimes», s'insurge Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH. Pour cette dernière, l'Etat se trouve auteur de «pratiques inacceptables», puisqu'il intervient, et mobilise ses forces de sécurité, au service d'entreprises privées au lieu de défendre l'intérêt général. Donne nouvelle pour les ONG des droits humains, l'AMDH travaille actuellement, au niveau local, à réunir tous les éléments de ce dossier. Et, au niveau central également, à étudier les aspects juridiques de la chose. La polémique des antennes relais ne fait que redémarrer. Pour de bon.