Cela fait trois ans que Mohamed Bellouti accuse Jean Sarkozy, le fils cadet du président français d'avoir percuté l'arrière de sa voiture, une BMW, avec son scooter et l'accuse d'avoir pris la fuite.
Les faits remontent au 14 octobre 2005 à la place de la Concorde à Paris. Mohamed Bellouti est accompagné de son fils qui conduit la voiture. Après la collision du deux-roues, le conducteur et le passager réussissent à relever le numéro du scooter sur un téléphone portable. Ils ne reconnaissent pas sur le coup le conducteur du deux –roues qui portait un casque. Après plusieurs tentatives de son assureur pour obtenir de la partie fautive le paiement des réparations Bellouti porte plainte en février 2006. C'est la même année qu'il découvrira que le scooter appartenait à Jean Sarkozy. Malgré cette plainte déposée, Jean Sarkozy, qui a toujours clamé son innocence, n'a jamais été interrogé par la police. Agé à cette époque de 19 ans, il a déclaré qu'il était en cours à l'heure de l'incident. Il aurait même affirmé que le plaignant avait inventé cet incident pour essayer de se faire indemniser.
Mais hier la justice française a tranché. Jean Sarkozy a été relaxé sans faire le déplacement au tribunal. Son avocat a déclaré qu'il s'agissait d'un dossier vide dans lequel on avait rapporté la preuve de l'impossibilité de l'infraction. Il a ajouté, en outre que la justice est la même pour tous.
Dans cette affaire, Mohamed Bellouti a été doublement puni. Non seulement, la justice française ne reconnaît pas l'infraction mais en plus, Bellouti a été victime de l'effet boomerang puisqu'il a également été condamné à verser à l'actuel président du groupe UMP au conseil général des Hauts-de-Seine une somme de 2.000 euros pour "procédure abusive". Jean Sarkozy a fait savoir que ces 2000 euros seraient donné à une association d'enfants malades.
Hier, Mohamed Bellouti est sorti désespéré du délibéré. Il a même avoué aux journalistes qu'il en avait les larmes aux yeux. Il a lancé à la presse (radio et télévision) française « Il s'appelle Jean Sarkozy, il est au-dessus des lois, point final ». Il ajoutera : « "J'ai l'impression d'être sous un régime monarchique où l'on protège les puissants. J'ai osé déranger le fils du roi. J'ai perdu. Une avocate m'avait pourtant prévenu. Elle m'avait dit de retirer ma plainte, que j'étais bien naïf de croire en une issue positive... Je pense qu'à travers moi, on a voulu passer un message. Celui qu'il ne faut pas toucher au fils du président de la République! »
De son côté, l'avocat de Bellouti dira aux journalistes : "Une certitude: si mon client avait été à la place de Jean Sarkozy, donc si M. Bellouti avait abîmé son scooter sur la voiture de Jean Sarkozy, mon client aurait été condamné très rapidement à une petite peine et il aurait dû rembourser les frais de réparation du véhicule de Jean Sarkozy."
Aujourd'hui Mohamed Bellouti ne sait pas si il va faire appel. Il craint que la procédure abusive soit alourdie. Il a demandé hier un soutien moral et financier auprès des gens qui le soutiennent.
Farida Lamrani (avec AFP)
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