Quelques injections pour stopper la plupart des cancers, sans effet secondaire, les patients du monde entier en rêvent depuis plus de cinquante ans. Ce demi-siècle de recherche a permis de réaliser des progrès considérables dans la lutte contre cette maladie qui reste en tête des taux de mortalité.
Un groupe de chercheurs français publie un article dans une revue scientifique en ligne au mois de juin dernier. Sujet ? Une molécule, baptisée HB-19 par ses créateurs, Ara Hovanessian, Directeur recherche au CNRS, et Luc Montagnier, découvreur du virus du Sida, le VIH, en 1983. HB-19 est une molécule capable de réduire fortement la croissance des tumeurs. Ses effets semblent assez bien compris et cet agent ne montre aucune toxicité pour les tissus sains. De plus, sa synthèse à l'échelle industrielle apparaît comme facile. Les essais cliniques devraient commencer dès janvier 2009. Cette molécule pourrait se faire appelée Nucant, dénomination choisie par la société ImmuPharma. Chimiquement, HB-19 est un petit peptide modifié, donc composé d’acides aminés. En se fixant sur la cellule cancéreuse, elle bloque ses deux fonctions : impossibilité de se multiplier et privation des nutriments.
Les cancérologues que nous avons contacté ignorent l’existence de cette nouvelle molécule. Présentée ainsi, elle prend des allures de médicament miracle. Si les tests cliniques donnent des résultats satisfaisants, quand verra-t-on sa commercialisation au Maroc ? « Il faut avant tout évaluer le rapport bénéfice – risque », explique le Professeur Abdelaziz Agoumi, Directeur du médicament et de la pharmacie au Ministère de la Santé. De plus, « Les essais cliniques comportent plusieurs phases, souvent très lourdes. Il faudra attendre longtemps avant qu’il n’adhère à la place publique scientifique. Mais c’est aussi, et souvent, une affaire de propriété intellectuelle », confie-t-il. En attendant, et selon une étude de l’Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, datant de 2006, le Maroc enregistre entre 35.000 et 50.000 nouveaux cas de cancer chaque année. Les décès liés à cette maladie représentent environ 5,6% du total des décès.
Les essais du HB-19 sur des souris étant jugés concluants, l’étape suivante du long parcours de mise sur le marché d’un nouveau médicament est le passage à l’homme. Si la nouvelle molécule franchit avec succès le parcours d’obstacles de la procédure de mise sur le marché, elle pourrait bouleverser le traitement des cancers. Les priorités du Royaume en matière de lutte contre le cancer commencent d’abord par l’information et la prévention. Toujours selon l’étude de l’Association Lalla Salma, menée sur un échantillon de 400 personnes, 77 % estiment que le cancer du poumon est du au tabac, et 65 % que le cancer du sein est dû à l'arrêt brusque de l'allaitement. 63 % pensent que le cancer est du au manque d'hygiène, 59 % par le bain durant la période de menstruation, 52 % par le stress et 45 % par les microbes.
Kenza Zerrad
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