Menu

Le GICM, des Canaries à Bruxelles

La quadruple arrestation de membres du GICM marocain sur le sol espagnol ramène vers une enquête belge. Et, selon des observateurs, vers la mort de Van Gogh.

Comme souvent en matière de terrorisme, les informations sont, à l'origine, parcellaires et pas toujours certaines, avant de s'affermir par la suite. C'est le parcours que semble suivre la mise en contexte des activités de trois frères d'origine marocaine, Hassan, Lahoussine et Mehdi El Haski, tous trois peu ou prou soupçonnés par certains Etats d'appartenir au GICM, le Groupe islamique de combat marocain.

Police et Sûreté

Ce fut d'abord en Belgique que la Police fédérale relevait, en collaboration avec la Sûreté de l'Etat, la présence d'un noyau du GICM dans notre pays. Au mois de mars dernier, une vague de perquisitions, notamment à Maaseik, permettait d'arrêter plusieurs membres de ce groupe, dont Lahoussine El Haski.

Info ratée

Si on avait beaucoup parlé du GICM à proprement parler dans ce cadre - parce qu'il est fortement soupçonné d'être responsable des attentats de Casablanca (45 morts le 16 mai 2003) et de Madrid (191 morts et dix fois plus de blessés, le 11 mars 2004), on avait moins parlé de la personne d'El Haski, dans la galaxie judiciaire internationale.

On aurait pourtant dû, puisque, depuis, il intéresse personnellement le Maroc, pour Casablanca, et l'Arabie saoudite, pour l'attentat commis contre des étrangers le 12 mai 2003 à Riyad (35 morts). C'était donc «le» gros poisson de l'opération.

Chef européen?

Samedi 18 décembre, ensuite, on apprenait que quatre islamistes radicaux présumés, tous Marocains, étaient arrêtés par les autorités espagnoles sur l'île de Lanzarote (Canaries). Ils étaient, selon la justice, occupés à constituer une base logistique pour le GICM.

Parmi eux: Hassan El Haski, déjà sous avis de recherche pour sa participation présumée aux attentats de Madrid et, lui aussi, déjà sous enquête marocaine pour celui de Casablanca. Selon des informations parues en Espagne, il avait réussi à échapper à des rafles antiterroristes en France et Belgique - ce dont nous n'avons toutefois pu obtenir la confirmation formelle à Bruxelles bien que, en revanche, on nous dit à bonne source qu'il était simplement recherché par les Belges.

Or, si Hassan El Haski est présenté en Espagne comme le chef européen du GICM, ce qui n'est pas exclu, la presse néerlandaise indiquait pour sa part dès le week-end dernier qu'il pourrait être en relation avec l'assassinat, le 2 novembre à Amsterdam, du cinéaste Theo Van Gogh. Cette information a cependant suscité un démenti immédiat des autorités judiciaires hollandaises, selon lequel le nom de El Haski n'a jamais été cité dans le cadre de cette enquête.

Camps afghans

Mais qu'en est-il vraiment, alors que, lundi, certains médias belges néerlandophones reprenaient cette proximité avec l'assassinat dans le chef de Hassan El Haski?

Selon nos propres informations, cette fratrie, composée aussi de Mehdi El Haski - qui, lui, n'est à notre connaissance pas activement recherché chez nous mais est réputé appartenir aussi au GICM - a déjà laissé sa trace dans les camps d'Afghanistan ainsi qu'en Syrie. Et elle est par nature proche de la «cellule» suspectée pour la mort de Theo Van Gogh. Des contacts ne sont donc pas exclus. Mais répréhensibles? Mieux vaut, pour tirer une conclusion, attendre l'avancement des enquêtes.

Toujours est-il que, une fois de plus, on constate le caractère inextricable des relations internationales au sein des groupes terroristes. Ainsi que leur présence au coeur de l'Europe. Et au sein de notre pays.

Roland Planchar
Source : La Libre Belgique

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com