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Sidi Ifni. L'étau se resserre autour du CMDH

La scène se passe devant la prison d'Inzegane, le lundi 28 juillet 2008, en fin de matinée. Khadija Ziane, militante du Centre marocain des droits de l'homme (CMDH) se prépare à s'enquérir de l'état des trois membres du CMDH détenus dans cette prison dans le cadre des événements de Sidi Ifini.

La militante est accompagnée de quelques membres des familles des détenus. Après avoir remis sa carte d'identité nationale aux responsables de la prison, et pendant qu'elle patientait en attendant de voir ses collègues, un gardien lui demande de sortir «voir quelqu'un» qui l'attend. La militante obtempère et une fois devant le portail, se fait conduire en voiture «vers une destination inconnue», explique Cherkaoui Semmouni, président du CMDH.

Sa famille et les membres du CMDH sont pris de court. Ils saisissent Houcine Boufine, avocat et frère d'un des détenus du CMDH. Les événements s'enchaînent. La militante est présentée le lendemain devant la Cour d'appel pour les mêmes motifs que d'autres militants du CMDH. «L'affaire est très grave. La liste des charges est très longue, à commencer par la constitution d'une cellule criminelle. Je n'ai aucu­ne idée de la tournure que vont prendre les événements», explique son avocat, Maître Houcine Boufine, qui précise par ailleurs qu'il s'agit du même dossier que celui des autres détenus.

Comment en est-on arrivé là ? «Khadija nous a signalé qu'elle était filée par des membres des services secrets, qui la suivaient dans la rue et se postaient devant sa maison et ce depuis la conférence du 26 juin, où elle s'était illustrée en dénonçant des viols», explique Cherkaoui Semmouni. Ce n'était alors qu'une question de temps avant qu'elle ne soit arrêtée. Ce qui aurait particulièrement dérangé les autorités, toujours selon le CMDH, c'est l'implication de Khadija Ziane dans toutes les étapes de l'investigation menée par les ONG à Sidi Ifni. «Elle était constamment sur le terrain, et nous fournissait beaucoup d'informations sur les exactions perpétrées par les forces de l'ordre», poursuit le président du CMDH. Après l'arrestation de Khadija Ziane, les autorités auront arrêté tous les membres du CMDH qui bougeaient beaucoup sur le terrain. A l'écriture de ces lignes, les familles et les collègues des militants arrêtés dans le cadre de cette affaire ne savent toujours pas quelle sera l'issue des procès.

Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos

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