Attendu pour cet été, le procès du réseau Belliraj devra attendre la rentrée, les avocats des six dirigeants politiques ayant enfin eu le droit d'accès aux dossiers de leurs clients.
Le procès du réseau Belliraj sera-t-il un feuilleton de l'été ou une série ramadanesque ? C'est aujourd'hui la question qui se pose avec insistance, l'instruction étant désormais bouclée. Invoquant les vacances judiciaires, nombre de sources plaident pour le mois de septembre. «Une chose est sûre, en matière pénale et dans les affaires liées aux crimes, il n'y a pas de vacances judiciaires. Celles-ci sont valables uniquement pour les affaires civiles ou commerciales. Ceci étant, tout porte à croire que le procès ne sera entamé que début septembre», affirme Maître Mohamed Ziane, avocat de Abdelkader Belliraj, l'accusé principal dans cette affaire. Une première audience pourrait bien avoir lieu vers la fin août, mais ce sera certainement l'occasion pour la défense, notamment des six dirigeants politiques arrêtés dans le cadre de cette affaire, de demander un ajournement. Et pour cause : le comité de défense vient tout juste d'avoir accès aux dossiers de ses publics, mais vu leur volume, ces derniers nécessitent du temps pour être consultés.
Une interprétation qui jure avec celle donnée par l'avocat en Belgique de la famille Belliraj, Abderrahim Lahlali. Dans une interview accordée à l'agence Belga, il avait affirmé que «le procès pourrait plus que probablement débuter en août». Explication : «La justice marocaine semble vouloir introduire l'affaire au plus vite». Dans tous les cas, et en attendant, les dossiers liés à l'affaire, soit pas moins de 12 cartons, ont atterri au bureau du procureur général à la cour d'appel de Rabat, le juge d'instruction ayant déjà bouclé la décision de renvoi (270 pages). Trois des 36 personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire viennent également de quitter la prison de Salé. Le juge d'instruction Abdelkader Chentouf a en effet décidé de ne pas poursuivre l'un d'eux, alors que les deux autres comparaîtront en état de liberté. Ils sont notamment accusés de non-dénonciation. Les 33 restants, dont les six politiques, font l'objet de, graves accusations (dont celle de faire partie d'une bande criminelle armée, d'attenter à la sécurité de l'Etat et d'avoir ordonné des pillages et autres hold-up). Ceci, en
infraction de la loi anti-terroriste mais aussi du code pénal.
Le suspense quant à cette affaire, entamée par le démantèlement le 22 février dernier du réseau Belliraj et la réquisition par les forces de l'ordre de nombre d'armes à feu et matières explosives, touche donc à sa fin. Fini également le véritable bras de fer qui s'en était suivi entre le gouvernement, le ministre de l'Intérieur et celui de la Communication d'un côté et les avocats de la défense de l'autre, quant au ton affirmatif et accusateur des responsables gouvernementaux. Dès l'annonce du démantèlement du réseau, ceux-ci n'ont pas hésité à «mouiller» les dirigeants islamistes. Invoquant la présomption d'innocence, les dirigeants politiques et leurs avocats sont montés au créneau plus d'une fois pour dénoncer ce qu'ils ont qualifié de jugement avant l'heure et d'infraction au secret de l'instruction. L'affaire Belliraj, c'est également le refus du juge d'instruction de permettre l'accès des avocats aux dossiers de leurs clients, suscitant l'ire du premier et la grève de parole des autres.