L'enquête parlementaire sur les événements de Sidi Ifni ne sera pas de tout repos. Et ses conclusions ne sont pas pour demain. C'est ce que révèle la dernière sortie du président de la commission, l'istiqlalien Noureddine Moudian, jeudi au Parlement.
«La Commission n'a pas pu présenter les résultats de sa mission durant l'actuelle session parlementaire, étant donné qu'elle nécessite un travail énorme et rigoureux», a-t-il affirmé. En attendant, ladite commission a adressé 54 demandes d'audition qui ont toutes reçu une suite favorable, sauf une. Quelque 190 séances d'audition ont eu lieu, portant sur autant de personnes, dont quatre responsables gouvernementaux et 12 responsables régionaux. Plus de 80 cassettes et CD audio ont été réunis, ainsi que 148 DVD et 435 photos. La commission a aussi reçu 115 certificats médicaux concernant les différentes parties aux incidents.
S'il faudra attendre avant que le bilan de ce travail ne soit rendu public, les rapports d'associations des droits de l'homme ne cessent de tomber. Après celui de l'OMDH, plutôt conciliant, le tour était récemment à un collectif de 14 associations (dont Attac Maroc, l'AMDH, la Ligue marocaine des droits de l'homme et l'Observatoire national des prisons) de monter au créneau. Leur rapport sur ce qui s'est passé le 7 juillet dernier nous apprend que ces événements sont loin d'être une première. Les manifestations organisées ce jour-là donnent en effet suite à d'autres mouvements, tenus notamment le 7 août 2005 et le 30 juin 2006. Traits communs : la revendication voulant que l'enclavement dont souffrent Sidi Ifni et sa région soit levé et la réaction musclée des forces de l'ordre.
Citant les témoignages des victimes, le rapport parle aussi bien de «punition collective» des habitants, de «torture» mais aussi et surtout de «viols». Par ce dernier constat, le rapport entend le fait que certains éléments des forces de l'ordre aient interrogé des personnes arrêtées, hommes comme femmes, alors qu'elles étaient complètement nues et qu'ils se soient «amusés à jouer avec leurs organes», n'hésitant pas à «blesser ceux et celles qui ont résisté». Le tout confirme, à lire le rapport, que des dépassements il y en a bien eu et que les membres de la commission d'enquête ont encore du pain sur la planche.
Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos