A l’occasion des vacances d’été, de nombreux Marocains Résidant à l’Etranger (MRE) se rendent au Maroc…l’occasion pour eux de retrouver parents et amis, mais aussi de renouer avec leur pays d’origine.
Mais le contact n’est pas toujours aisé, certains marocains ayant encore aujourd’hui une vision tronquée des MRE.
Comment sont perçus les MRE par les locaux ?
Zoom sur des préjugés qui persistent et sur les MRE tenus pour responsables de certains maux qui touchent la société marocaine.
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Quand on pose la question au Maroc : « que pensez-vous des MRE qui viennent passer leurs vacances au pays ? », on est une fois de plus assaillis de réponses, toujours les mêmes, faites pour la plupart de préjugés et de réponses motivées par des frustrations personnelles. Tel ce jeune vendeur de parasols sur la plage des Sablettes à Mohammedia. Pour lui, les MRE sont responsables de la flambée des prix de la pomme de terre et de la tomate durant l’été. Inutile de préciser que s’il s’était penché un minimum sur la question, il aurait découvert qu’à l’origine de l’augmentation des prix au marché, on retrouve plutôt les commerçants et autres spéculateurs. Ce ne sont bien évidemment pas les MRE qui fixent les prix.
Oui, en ce qui concerne les MRE, au Maroc, les préjugés ont bel et bien la dent dure.
En témoigne également ce propriétaire de café qui évoque dans sa réponse « le traitement de faveur » dont bénéficieraient les MRE, au détriment selon lui des « locaux »….
Il fait sans doute référence aux différents organismes et institutions en charge de l’accueil et de la « gestion » des MRE : la Fondation Hassan II, la Fondation Mohamed V, un ministère et un conseil dédiés spécialement aux MRE. Tout un système institutionnel, politique et social mis en place pour gérer 10% de la population marocaine. Effectivement, au premier abord, avec tout cet arsenal mis en place, on pourrait croire à un traitement de faveur. Mais la question est de savoir si les attentes des MRE sont véritablement prises en compte ? considèrent-ils être plus favorisés que les autres ?
En y regardant de plus près, il semblerait que dans tous les cas, les MRE ne soient pas réellement l’objet d’attentions particulières…ou en tout cas, loin des attentions préconisées par les institutions citées précédemment. Les MRE plus favorisés que le reste de la société marocaine n’est vraisemblablement qu’un mythe.
Outre les préjugés, les propos recueillis lors de ce micro-trottoir sont même parfois insultants. On entend souvent des "ils ne sont pas éduqués". Certaines des personnes interrogées ont fait référence à ces « différences » entre les pères immigrés, plus respectueux et leurs fils, arrogants, qui ne parlent pas l’arabe, qui roulent en voiture, avec la musique à fond et qui ne respectent pas les coutumes du pays. Quelles coutumes ? Celles des jeunes citadins de Casablanca, d’Agadir ou de Tanger, qui ont pourtant souvent les mêmes goûts et les mêmes habitudes que la jeunesse venue de l'autre rive.
Ce qu’ils prennent pour de l’arrogance et de l’irrespect, n’est en fait que l’expression et les marques de la Jeunesse, avec un grand J…les jeunes MRE ayant les mêmes comportements que leurs pairs du Maroc.
Au-delà de ces visions faussées qui pèsent sur les MRE, qui peuvent choquer, et qui font même mal parfois, la question qui se pose est véritablement de savoir ce qui motive de tels propos de la part de concitoyens marocains. Serait-ce les frustrations personnelles, le manque d’éducation ou la tendance à la généralisation ? en tout état de cause, une certaine intolérance de la part de marocains vis-à-vis d’autres citoyens tout aussi marocains est plus que condamnable.
Mais MRE réjouissez-vous, tous les marocains ne vous détestent pas…certains même, ont à votre égard un sentiment de fraternité des plus honorables…
Leïla Jazouli
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