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Un comité national contre la torture au Maroc

Dix ONG ont mis en place un comité national contre la torture. Elles comptent tenir un procès symbolique des tortionnaires et faire pression sur le gouvernent.

Les responsables actuels et anciens devront encore compter sur une nouvelle «mauvaise conscience». Jeudi dernier, une dizaine d'ONG nationales ont annoncé la mise en place d'un Comité national contre la torture, qui englobe plusieurs associations de défense des droits humains. Ses membres s'étaient déjà mis d'accord sur un plan d'action visant «à faire pression sur le gouvernement pour en finir avec l'impunité», comme l'affirme un membre d'une ONG fondatrice de ce nouveau comité.

En attendant de passer à l'action, les dix ONG devront d'abord trancher au sujet d'un projet de charte, qui devra être soumis à leurs instances de décision respectives. Pour le reste, c'est parti pour ce qui ressemble à une ambitieuse campagne de pression et de sensibilisation aussi. «Dans un premier temps, nous organiserons un procès symbolique des responsables de la torture», indique Abdelilah Benabdeslam, l'un des dirigeants de l'AMDH. Ce procès concernerait-il les anciens responsables sécuritaires par exemple ? « Tous ceux qui auraient trempé dans de tels actes seront jugés symboliquement», répond M. Benabdeslam.

A moyen terme, le Comité national contre la torture s'attachera à l'élaboration d'un mémorandum qui sera adressé aussi bien au Premier ministre qu'aux ministres de l'Intérieur et de la Justice.

Dans l'immédiat, ce nouveau comité saisira la commission d'enquête parlementaire sur les événements du 7 juin dernier à Sidi Ifni pour demander une rencontre. «Il s'agit pour nous de pousser à ce que cette commission s'acquitte de son travail en toute transparence et qu'elle aille jusqu'au bout de sa mission», commente un autre responsable associatif. Et plus encore, les dix ONG ne resteront pas les bras croisés en attendant les conclusions de la commission présidée par l'Istiqlalien NoureddineMoudian. Les initiateurs du comité ont ainsi décidé dé constituer une commission d'enquête qui se déplacera prochainement sur place à Sidi Ifni.

Commission d'enquête parallèle ? «Chacun va faire son travail et nous voulons une commission d'enquête plutôt indépendante», réagit Abdelilah Benabdeslam. Le Comité national contre la torture est composé des principales ONG de défense des droits humains au Maroc.

On y retrouve la turbulente AMDH de Khadija Ryadi, l'OMDH de Amina Bouayach, la LMDDH (Ligue marocaine de défense des droits de l'homme naguère présidée par Abbas El Fassi), le FMVJ de l'avocat Mohammed Sebbar, Amnesty International (section Maroc), l'OMP (Observatoire marocain des prisons), le CMDH de Khalid Cherkaoui Semmouni le CDG (Centre des droits des gens), Adala (Justice) et le Forum dignité des droits humains. Ces dix ONG, pour la plupart, sont le relais d'une interminable série d' «allégations de torture» qui sont d'ailleurs reprises dans presque tous les rapports internationaux sur le Maroc. Quand les autorités ne font pas la sourde oreille, ce sont les officiels qui se saisissent des micros pour multiplier les démentis. Ces dernières semaines, par exemple, les ministres de la Justice et de l'Intérieur ont été saisis à maintes reprises de lettres d'ONG demandant à élucider le sort de personnes disparues dans plusieurs villes. Ces dernières sont souvent arrêtées en relation avec des accusations de terrorisme. Elle? refont surface» une fois qu'elles ont passé plusieurs jours, voire des semaines, en détention.

Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos

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