Menu

Sidi Ifni. Le siège policier est enfin levé

La ville bouillonne toujours mais les forces de police lèvent progressivement l'état de siège. Pour faire le point, la commission d'enquête parlementaire démarre aujourd'hui.

En attendant d'être une ville sans misère, Sidi Ifni est désormais une ville sans militaires. Les éléments des différents corps de sécurité ont tous fini par quitter la ville. C'est du moins ce qu'affirment des sources concordantes sur place. «Le retrait des forces de l'ordre ne s'est pas fait d'un coup, mais par vagues. Cela a commencé dès l'avant-dernier dimanche pour se poursuivre tout au long de la semaine dernière. Désormais, plus aucune présence policière n'est enregistrée», affirme cet observateur. Les derniers éléments, venus au début des événements, sont stationnés à Tiznit, plus précisément à Dar Talib de la ville. De même, plus aucun barrage de sécurité n'est dressé à l'intérieur de Sidi Ifni. «Il ne reste plus qu'un seul barrage de la gendarmerie, sur la route d'Aglou et Mirleft. Et sa présence est on ne peut plus normale, alerte terroriste mais aussi veille routière obligent», dit cette source. Preuve du retour de l'accalmie dans la zone, aucune présence policière n'a été remarquée dimanche dernier lors d'une marche de solidarité à laquelle près de 6.000 personnes ont participé, avec slogans et banderoles. Et, signe que la réaction musclée des forces de l'ordre a ébranlé les sécuritaires, une source locale nous apprend également que le Colonel Belmahi, chef du commandement régional des forces auxiliaires de la région de Souss-Massa, a été relevé de ses fonctions et rappelé à Rabat. Bien que le calme soit de retour, la ville bouillonne toujours. Aux raisons et autres revendications sociales ayant été derrière les tristement célèbres événements, s'est ajoutée une nouvelle «cause» : celle de la libération des 10 personnes arrêtées et présentées à la justice suite aux mêmes événements. 5 parmi elles ont d'ailleurs annoncé avoir observé une grève de la faim pendant trois jours (les 20,21 et 22 juin). Parmi les revendications : l'établissement de la vérité quant à ce qui s'est réellement passé le week-end des 7 et 8 juin.

Une vérité pour laquelle la constitution de la commission d'enquête parlementaire avance plutôt bien. Les 15 députés devant la composer ainsi que la représentativité des groupes parlementaires sont d'ores et déjà connus. On retiendra que l'Istiqlal y est représenté par trois députés, à savoir Noureddine Média­ne, désigné président, Taïeb Mebahiet Abdelouahed Ansari. Le PJD y a délégué deux parlementaires, avec Mustapha Ramid pour vice-président et, en tant que membre, Abdeljebbar Qastalani, député de Tiznit ayant fait parti des personnes qui ont «négocié» avec les manifestants qui ont bloqué le port de Sidi Ifni. Idem pour le Mouvement populaire, le RNI et l'USFP, ainsi que le groupe Authenticité et modernité mené par Fouad Ali El Himma. Le groupe de l'Union constitutionnelle et l'Alliance des forces démocratiques y disposent, chacun, d'un représentant. La commission entamera ses travaux dès aujourd'hui mardi avec une réunion préparatoire censée faire le point sur la méthodologie à suivre.

En attendant que cette commission soit opérationnelle et puisse rendre son rapport, les associations des droits de l'homme ont, elles, pris de l'avance. La dernière ONG en date a été l'OMDH (Organisation marocaine des droits de l'homme), dont une délégation s'est rendue sur les lieux, forte de deux avocats, d'un médecin et d'un professeur universitaire sans oublier l'appui de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH). L'OMDH compte rendre publiques ses conclusions cette semaine. De sa présidente, Amina Bouayache, citant les témoignages des habitants de la ville, on apprendra d'ores et déjà qu'aucun cas de viol, ni de meurtre, n'a été enregistré. Pour elle, il n'y a pas lieu de parler d'atteintes graves aux droits de l'homme dans le cas de Sidi Ifni. Une affirmation qui reste à prouver.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com