Menu

Dieudonnné:«Je souhaite que les Arabes possèdent la bombe atomique»

En clôture d’une année folle, Dieudonné attaquait le Strav’ au chalumeau. Esprit (libre), es-tu là?

Info dernière minute: Dieudonné est relaxé à Nimes dans son dernier procés, il gagne ainsi la totalité des confrontations avec ses détracteurs.

Salle comble, mercredi soir à Montreux. Invité du Festival du Rire, l’homme par qui le scandale est arrivé demande juste de s’assurer qu’aucune bombe n’a été oubliée sous un siège. Dieudonné donne le ton... De fait, sa tchatche et son charisme, n’excluant ni humour, ni engagement, remuent plus qu’un obus. La prose n’est jamais neutre, l’impact toujours certain: Dieudonné fait de la dérision à charge et conquiert le Strav’. Une heure plus tôt en coulisses, l’insoumis revenait sur une année… chargée?

- Dieudonné: «Une année importante, pleine de rebondissements qui m’ont permis d’écrire ce spectacle. J’ai pu découvrir qui étaient aujourd’hui les vrais fascistes en France. Je me suis baladé avec des gardes du corps suite à la campagne sioniste dirigée contre moi — il a été question de m’abattre, on a menacé de brûler les caissières à l’Olympia, de tirer dans le public… Des milices entraînées à Israël, soutenues par le Mossad, ont blessé à Lyon une petite fille de 13 ans lors de mon spectacle. L’agresseur a été immédiatement relâché.

- Tout cela fut déclenché par votre sketch sur France 3, en décembre 2003, où vous imitiez un rabbin nazi: pensez-vous avoir mal jaugé la différence entre votre statut d’humoriste sur scène et d’homme public sur une chaîne de télé?

- On peut difficilement dissocier les deux choses: faire rire les gens sur les thèmes sensibles signifie que l’on s’implique tout entier. Je suis un bouffon du roi, mais l’aristocratie a changé de visage. Aujourd’hui, ce sont les sionistes qui tiennent les commandes. Je suis antisioniste (évidemment pas antisémite), car je refuse leur programme impérialiste et raciste.

- Ne craignez-vous pas l’imbroglio entre des termes souvent mal différenciés par le public: peuple juif, citoyen israélien, activiste sioniste… Au niveau français, cela se concrétise dans des débats binaires entre communautés juive et arabe.

- C’est un faux débat. La communauté arabe française réagit avec colère à ce qui se passe dans les territoires occupés parce que le sionisme s’est développé en Palestine. Si l’Ouganda avait été retenu au moment de décider de l’emplacement de l’Etat juif, le problème se poserait avec les Ougandais. La «mission divine» contenue dans le projet sioniste se double forcément d’un apartheid à l’encontre des peuples colonisés. Même en France, où l’on va fêter les cent ans de laïcité dans la vie politique, on y constate un retour en force des idées religieuses.

- Vous avouez une sensibilité de gauche. Le sionisme des kibboutzim fut aussi un projet socialiste.

- On ne peut pas être sioniste et de gauche. C’est aussi paradoxal que ce pseudo-statut de BHL, «philosophe écrivain», qui n’est pas plus philosophe que moi. C’est aussi un comique, mais il n’a pas de nez rouge. Il soutient comme beaucoup de «penseurs» un mensonge politique monstre, assis sur une énorme escroquerie qui se sert du drame de la Shoah, de la mort de pauvres gens, pour légitimer des actions fascistes et colonialistes depuis cinquante ans. En France, la domination des sionistes est objective: ils possèdent des réseaux extrêmement puissants, presque plus qu’en Israël — beaucoup d’amis israéliens me disent que la situation dans le pays est devenue pire que tout. D’ailleurs, une grande partie de la communauté juive est antisioniste, mais elle n’a pas la parole. Des rabbins sont venus me soutenir à Paris récemment, des scientifiques comme Chomsky ou Finkelstein proposent de démanteler Israël de façon pacifique, pour créer autre chose, basé non pas sur le droit divin d’un «peuple élu», mais sur un consensus démocratique entre des gens de bonne volonté.

- Vous y croyez?

- Le peuple arabe est un peu comme les Amérindiens: il se battra jusqu’au bout. Je souhaite que les Arabes possèdent la bombe atomique le plus vite possible. C’est le seul moyen pour installer une véritable démocratie.

- Ou une véritable terreur.

- Mais la terreur, elle est là! Tous les jours dans les territoires occupés. Je pense que la solution passera par l’obtention de bombes atomiques par tous les pays du tiers-monde. Pourquoi pas? ça nous semble inquiétant simplement parce que vous, journaliste, et moi, Dieudonné M’Bala M’Bala, nous sommes du bon côté de la barrière. Mais 80% des gens qui vont mourir du SIDA habitent sur le continent africain, et les médicaments sont pris en otage… Quelle est selon vous leur définition de la terreur, dans un tel contexte?

- Vous sentez-vous plus efficace dans vos habits d’humoriste ou d’élu?

- Je suis comique, c’est mon métier, ma vocation. Je n’enlève pas cette casquette quand je me présente aux élections. En fait, je suis un comique qui fait son métier sérieusement.

- Un an après, referiez-vous votre sketch à la télé?

- Bien sûr je le referais! Le sujet israélien est le dernier tabou en France, peut-être le seul. Vous pouvez vous payer le pape, l’islam, parler de sexe... Mais on ne rit pas du côté sacré du sionisme, et de son bouclier d’éthique instrumentalisé par le spectre de la Shoah, «le drame des drames». Désolé, ce n’est pas ça. C’est un drame insupportable, insurmontable pour beaucoup, mais c’est un drame parmi les autres dans la longue liste des crimes contre l’humanité. Je le dis comme Noir descendant d’esclaves, mais sans dire que mon peuple a plus souffert qu’un autre. Je refuse que mes enfants apprennent une hiérarchie des crimes contre les peuples avec la Shoah comme ignominie indépassable.

- Ce fut le premier génocide à l’échelle industrielle…

- Non, l’industrie esclavagiste en Afrique le fut tout autant. On jetait des dizaines de milliers de Noirs par-dessus bord. Et aux Etats-Unis, les camps de concentration s’appelaient les réserves indiennes.

- Quelle est votre satisfaction: faire rire ou créer le débat?

- Arriver à la table des négociations et faire rire.


Par FRANCOIS BARRAS
Source:24 Heures (Suisse)

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com