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Yasmina Baddou part en guerre contre la corruption dans les hôpitaux marocains

«Je serais intransigeante dans la lutte contre la corruption dans les hôpitaux». Dans la bouche de Yasmina Baddou, ce n’est pas une figure de style.

Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Santé, elle multiplie les initiatives pour endiguer ce fléau. Ainsi, elle s’est alliée avec Transparency Maroc pour mettre en place un plan d’action national. Un numéro vert sera bientôt opérationnel pour que les citoyens puissent dénoncer et signaler les tentatives de corruption en milieu hospitalier. Les conseils de discipline ont été réactivés ces derniers temps. Dans ce dossier prioritaire, la ministre est «déterminée à aller jusqu’au bout pour rendre aux citoyens la confiance dans les hôpitaux».En parallèle, il est important de mettre en place des outils de gestion pour rendre transparent tout le circuit hospitalier. De la gestion des rendez-vous à la disponibilité des médicaments, tout doit se faire dans la transparence, indique la ministre. Cela se fera par un grand mouvement imminent des directeurs et des délégués. «Les changements commenceront par le régional, plus urgent, puisqu’il est en contact direct avec les citoyens qui sont au cœur de toute action», précise la ministre. Il est à rappeler que le ministère manque de ressources humaines. C’est d’ailleurs à cause de cette pénurie que 250 centres de santé ont été fermés à travers le pays. Et les résistances aux changements qui s’annoncent? «Le processus est enclenché et je le mènerai jusqu’au bout. C’est une minorité ayant des intérêts personnels. Nous avons découvert la vente des médicaments et des consommables à l’extérieur des hôpitaux», martèle Yasmina Baddou.

Dans cette opération, la ministre a adopté une démarche participative impliquant tous les partenaires: les syndicats, les ONG, les secteurs, public et privé. La mortalité maternelle et infantile est un autre dossier prioritaire. «Le sujet fait honte au pays. La guerre est déclarée même si les objectifs fixés sont difficiles à atteindre», souligne la ministre de la Santé. Pour elle, «il est inconcevable que le Maroc ait un taux élevé de mortalité maternelle et infantile et qu’il soit classé parmi les derniers pays de la zone de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient alors qu’il est relativement mieux doté sur le plan médical que d’autres pays similaires». Les objectifs ont été déclinés dans la stratégie 2008-2012 adoptée par le ministère : arriver à 50 décès contre 227 actuellement pour 100.000 pour la mortalité maternelle. Quant à la mortalité infantile, le but est de passer de 40 à 15 décès pour 1.000 naissances.

En tout cas, un plan d’action sera annoncé prochainement. L’une des mesures-phares sera la gratuité de l’accouchement au niveau des hôpitaux publics et la mise en place des équipes médicales mobiles pour les zones rurales. Un planning de visites et de suivis de tous les douars sera mis en place. Une téléphonie mobile sera installée en collaboration avec le ministère de l’Intérieur.

Améliorer l’existant
Quant à l’épineux dossier de l’hémodialyse, il est «en cours de règlement». En effet, une convention sera prochainement signée avec le secteur privé pour la prise en charge des malades qui figurent sur les listes d’attente à des prix forfaitaires. Il est à préciser que le Maroc compte 135 centres d’hémodialyse, avec 1.630 générateurs qui prennent en charge 6.014 malades. Mais la liste d’attente compte plus de 3.000 personnes. C’est cette liste d’attente qui sera prise en charge par les néphrologues du privé. A cela s’ajoutent la création de nouveaux centres et l’amélioration de l’existant. D’autre part, un programme pour le développement de la transplantation rénale au Maroc sera mis en place. La santé mentale n’est pas en reste. Considérée comme le parent pauvre du système, elle sera remise sur les rails. Le Maroc ne dispose que de 116 psychiatres dans le public et de 45 psychologues.

Pour Yasmina Baddou, il est temps de développer l’ambulatoire de ce service dans l’hôpital normal. Elle regrette l’absence d’unités de prise en charge des enfants et des adolescents qui souffrent de dépression. C’est pour combler cette lacune que le plan d’action prévoit la création de pédopsychiatrie dans l’enseignement supérieur, avec une unité au sein du CHU de Casablanca, en attendant de le transformer en service.

Source: L'Economiste

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