Islam : les fondamentalistes seraient très minoritaires en France

A son arrivée au ministère de l'Intérieur, Dominique de Villepin a souhaité obtenir une photographie précise de l'islam de France. Récemment finalisée, cette enquête des Renseignements généraux (RG), que Le Figaro s'est procurée, éclaire d'un jour nouveau les questions du culte musulman.


D'abord, les pratiquants qui fréquentent la mosquée une fois par semaine sont moins nombreux que ne le revendiquent les organisations islamiques : ils seraient comme dans les autres religions entre 5% et 10% sur les cinq millions de personnes d'origine musulmane.


Ensuite, près de la moitié des 1 685 lieux de culte recensés sont indépendants des fédérations qui siègent au Conseil français du culte musulman (CFCM) et professent un islam modéré et apolitique. Les fondamentalistes de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ne maîtrisent que 13,5% des lieux de culte, la plupart de petite taille (moins de 500 fidèles). Ce chiffre, stable depuis 2000, semble démentir l'idée d'une forte progression de cette mouvance comme pouvaient le laisser penser les résultats des élections au CFCM.


Autre a priori démenti par les RG : la Grande Mosquée de Paris (proche de l'Algérie) n'est pas en recul et se maintient au niveau de son score aux élections au CFCM (environ 14%). Enfin, la FNMF (proche du Maroc) est en croissance en raison, sans doute, de l'afflux récent d'immigrés venus du Maroc. Les salafistes qui professent un islam archaïque et parfois hostile aux «mécréants» tiennent 42 lieux de culte, rassemblant 6 730 fidèles dans les agglomérations parisienne et lyonnaise. Le ministère de l'Intérieur a éloigné les plus radicaux.


Cette photographie d'un islam de France plus morcelé et plus apolitique qu'on ne le pensait conforte l'équipe Villepin dans sa stratégie de création d'une fondation des oeuvres du culte musulman. Elle devrait inclure les grandes fédérations musulmanes, mais aussi des représentants de l'État et des personnalités qualifiées.

Cécilia Gabizon
Source: Le Figaro