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Casablanca veut réhabiliter ses espaces verts

Le centre ville de Casablanca sera bientôt doté de grands espaces qui devront permettre aux habitants de mieux respirer. Dans ce cadre, tout le jardin dit de la Ligue arabe sera complètement transformé...

Doter Casablanca des espaces verts qu’elle mérite est un ambitieux projet qui fait partie du Programme de Développement Urbain (PDU). Lequel a fait l’objet d’une convention signée en présence de SM le Roi, le 11 septembre 2006.

Le PDU avait prévu dans son plan de développement 2007-2010 le financement du réaménagement des espaces verts avec une enveloppe de 250 millions de dirhams. Dans ce cadre, en plus du réaménagement du jardin de la ligue arabe, il sera procédé également à la transformation radicale du jardin l’Hermitage, du jardin Sindibad, de celui dit Murdoch... Ce qui devrait constituer des îlots de verdure au milieu de la métropole qui reste enlaidie par le trop-plein de béton. La planification de ces projets ne s’explique pas par un vent écologiste qui aurait soufflé sur le Conseil de la ville blanche, mais cela n’est en fait qu’un minimum vital devant l’étouffement que connaît la ville la plus polluée du Maroc. Parce qu’à l’évidence, la capitale économique souffre de véritables carences en espaces verts urbains.

Aujourd’hui, dans le monde entier, outre les équipements de proximité, la qualité de la vie dépend très largement de l’offre d’espaces verts, notamment dans les quartiers urbains de forte densité. Certes, la ville de Casablanca compte plusieurs parcs urbains centraux, dont les principaux sont ceux de la Ligue Arabe (30 ha), de l’Hermitage (15 ha), et de Murdoch (6 ha). Entourés de quartiers d’habitat, ils ont une fonction d’espaces verts de proximité. Certains possèdent des équipements particuliers.

C’est le cas de l’espace Yasmina qui jouxte le jardin de la ligue Arabe et qui dispose de parcs de jeux, clos et payants. Par ailleurs, le jardin de l’Hermitage dispose d’équipements sportifs et d’une collection botanique. Seulement, il est délaissé. S’ajoute à ces espaces, d’autres qui entourent les centres administratifs, tels que les préfectures de Hay Hassani, Ben M’Sick, Ain Sebaa (ce dernier comprend également un zoo et un parc de jeux payants).

Malgré l’existence de ces surfaces vertes, elles restent insuffisantes au vu de la surpopulation que connaît Casablanca. Quel que soit le mode de calcul, le chiffre demeure inférieur à 1 m2 d’espace vert public par habitant, alors que la norme est de 10 m2 comme le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Du reste, à Casablanca comme ailleurs au Maroc, les espaces verts sont mal répartis. Le projet de réaménagement de la ligue arabe est donc vivement souhaité. Surtout qu’il comprend un projet bien intégré. Encore faut qu’il soit concrétisé, sans trop tarder.

A priori, le projet de réaménagement du parc de la ligue arabe avance. Il a été déjà adopté par le conseil de la ville. Ce projet ne se limite pas seulement à offrir un espace vert aux habitants, mais prévoit également de dégager l’espace où se trouve la fontaine (c’est bien dommage que ce symbole de Casablanca disparaisse !). Il est prévu également de déloger les locataires du siège de la wilaya pour transformer tout l’espace ainsi dégagé en grand théâtre d’une capacité de 2000 sièges et en une estrade pour les festivités en plein air... Le projet prévoit aussi la création d’un parking souterrain d’une capacité de 3000 voitures.

Les différents projets envisagés par le conseil de la ville en partenariat avec la « Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement » s’étendent jusqu’au boulevard Moulay Youssef. Il est prévu de créer une bretelle souterraine au niveau de ce boulevard pour bâtir au-dessus un passage piéton qui relie les deux bouts du jardin. De même, les différents cafés ouverts dans le jardin devront aussi être réhabilités ainsi que le parc d’attraction Yasmina. Ils seront délégués au privé pour leur gestion via des contrats de bail à longue durée.

Les établissements qui entourent le jardin seront réduits ou du moins intégrés dans le paysage du parc de la ligue arabe. Parmi les établissement qui seront éradiqués ceux appartenant au département des Eaux et forêts. Ce qui permettra d’ouvrir l’espace vert à ériger du côté ouest sur le boulevard Brahim Roudani. Par contre le club de tennis sera épargné et intégré au jardin.

Au sud, il est prévu de construire un pont piéton sur le boulevard Zerktouni qui devra permettre de relier le parc avec sa continuité sur le boulevard Mohamed Abdou. Avant d’arriver à ce pont, les futurs visiteurs auront droit à un théâtre romain (une sorte d’agora) à ciel ouvert d’une capacité de 1500 sièges.

Du côté du boulevard Hassan II, ce sont des surfaces de la caserne militaire et de la gendarmerie royale qui se verront réduits au profit du jardin. L’objectif est que cet espace vert soit ouvert sur le boulevard avoisinant.

L’ancien terrain de sport, « Casablancaise », qui se trouve dans le même périmètre, sera, pour sa part, réaménagé. De l’autre côté, un peu vers le nord, la cathédrale sera dotée d’une bibliothèque et d’un espace d’exposition. De même, l’école des beaux arts sera intégrée dans cet ensemble et sera, en plus, dotée d’un musée d’art.

Histoire du jardin de la ligue arabe
Le parc (ou le jardin) de la ligue arabe est étendu sur une surface de presque 30 hectares. Il s’étend, au sud jusqu’au quartier Maârif. Il est délimité au nord par l’ancienne médina, à l’ouest par le boulevard Brahim Roudani et le quartier résidentiel Ghautier. Du côté oriental, il est circonscrit par boulevard Hassan II. Ce jardin, anciennement appelé jardin Lyautey, a été fondé dans le cadre du plan Prost entre 1917 et 1919. C’est l’architecte Albert Laprade qui en avait réalisé les plans.

C’est autour de ce parc que s’étaient développés, durant le protectorat, les quartiers européens depuis la première extension de la ville de Casablanca en dehors des murailles de l’ancienne médina. Le jardin tourne autour d’une lignée de palmiers qui étaient plantées dans des fosses creusées par les détenus allemands lors de la première guerre mondiale. Ce jardin, en plus des palmiers, comprend des plantes ramenées des colonies françaises en Afrique, d’Asie et de l’Amérique Latine.

D’autres projets en vue
Le projet de réaménagement du parc de la ligue arabe fait partie d’un projet de réaménagement de 350 hectares d’espaces verts à l’horizon 2010. Et ce, dans l’objectif d’atteindre les normes internationales qui exigent 10 mètres carrés pour chaque habitant dans le périmètre urbain.

En attendant, les Casablancais recourent aux espaces verts suburbains, d’une fréquentation plutôt de fin de semaine. Il s’agit du parc Sindibad (40 ha), parc de jeux payant situé en bordure immédiate de la ville de Casablanca, sur la côte ouest. Il fait partie d’un ensemble plus vaste, le site de Sidi Abderrahman, potentiellement aménageable, avec notamment un secteur archéologique. Il s’agit aussi de la forêt de Bouskoura, considérée comme le « poumon vert » de Casablanca, dont seule la partie Nord, la plus proche du centre, est aménagée pour le public. Quant à la forêt des « chellalate » (cascades), autrefois aménagée, elle est aujourd’hui laissée à l’abandon.

Brahim Mokhliss
Source: Le Reporter

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