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Carrières centrales: La fin d’une histoire

Riche en symbolique, le plus ancien des bidonvilles du Maroc va être rasé dans les mois à venir. En effet, les « Carrières centrales » de Hay Mohammadi installées sur 30 hectares, vont disparaître.

Le site du bidonville, d’où est partie la première étincelle annonçant le début de la résistance au colonialisme français, sera réaménagé en parc. Les habitants des Carrières centrales, c’est connu, ont joué un rôle déterminant dans la lutte pour l’Indépendance. Depuis, le «quartier» de tôles a conservé un penchant pour la politique. Un fonds de commerce que beaucoup n’hésitent pas à exploiter à des fins électorales.

Rendu célèbre également par la visite de feu S.M. Mohammed V qui avait effectué la prière dans la mosquée éponyme de Hay Mohammadi, le bidonville a, depuis, acquis notoriété et légitimité. Personne ne pouvait dès lors y toucher. Il aura fallu l’intervention de S.M. Mohammed VI pour que, finalement, l’on s’intéresse au sort des «otages» de l’histoire du Maroc de la deuxième moitié du siècle dernier.

D’un autre côté, la préfecture d’Ain Sebaâ-Hay Mohammadi, à vocation industrielle et qui abrite pas moins de 58 noyaux de bidonville, a grandement besoin d’un poumon, d’un espace vert. Les habitants des «Carrières», eux, aspirent à un logement décent qui préserve leur dignité. Au total, pas moins de 6.000 familles (soit quelque 30.000 personnes) bénéficieront de cette opération. Dans quelques mois, elles recevront les clés leur donnant accès à la propriété d’un logement moderne. La ville intégrée qui leur est destinée sera construite dans la commune de Lahrawiyne. Le site a déjà été identifié et réservé. Il fait partie du domaine privé de l’Etat. Une assiette foncière de 100 hectares.

Autre symbole, c’est le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa qui est venu annoncer la nouvelle aux habitants des «Carrières centrales». En fait, Benmoussa était porteur d’un message du Souverain aux habitants des «Carrières centrales». Une manière de leur dire qu’ils n’ont pas été oubliés. La ville en question sera dotée de toutes les infrastructures et de tous les équipements d’une ville moderne (établissements scolaires, espaces verts et de loisir, administrations, transports en commun, dispensaires…). Situé non loin de la route nationale reliant Casablanca à Médiouna, le site présente l’avantage d’être plat et facile d’accès.

Quant aux logements qui seront proposés aux habitants, ils seront, selon une source proche du dossier, du type R+2 ou R+3. Construits sur 50 m2 (deux fois la superficie moyenne d’une grande baraque), ils sont destinés à abriter deux ou trois familles. Certes, aucune décision n’a encore été prise à ce sujet, mais il semble que l’expérience de l’opération Madinat Errahma destinée au recasement de 6.500 ménages, sera retenue. L’idée est de gagner de l’espace en hauteur pour pouvoir dégager suffisamment de surfaces pour les espaces verts et autres équipements.

Reste le financement du projet. Il sera, indique-t-on, prélevé sur la contribution de l’Etat (trois milliards de DH) au programme d’éradication des bidonvilles du Grand Casablanca. Les logements en question ne coûteront pas plus de 140.000 DH et des discussions seront menées avec les banques pour voir dans quelle mesure des taux d’intérêt préférentiels peuvent être consentis aux acquéreurs, a-t-on indiqué à L’Economiste.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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