Menu

Une école primaire catalane sommée de réintégrer une élève portant le voile

Le débat sur le port du foulard islamique dans les enceintes scolaires fait son apparition en Espagne. Une école primaire de Gérone, en Catalogne, exigeait d'une fillette marocaine de 8 ans qu'elle retire son hidjab pour assister à la classe. Après une semaine d'exclusion, l'administration catalane de l'éducation (en Espagne, l'enseignement est de la compétence des régions) a sommé l'établissement d'accueillir l'enfant.

Il n'existe pas de loi ni de règlement sur la question du voile en Espagne, où l'immigration est encore un phénomène récent. Jusqu'à présent, les quelques cas de jeunes filles voilées ont été réglés par les écoles elles-mêmes, qui ont généralement accepté qu'elles conservent leur voile dans l'enceinte scolaire.

Ce fut du reste le cas de cette fillette. Arrivée il y a un an du Maroc pour rejoindre ses parents, elle était scolarisée l'an passé dans un établissement qui l'avait autorisée à conserver son hidjab. D'après le récit de ses parents, cela lui avait valu des vexations de la part de ses camarades, elle revenait souvent en pleurs. L'administration l'a donc changée d'école. Mais son nouvel établissement a refusé de la laisser porter son hidjab, invoquant le caractère laïc de l'enseignement public et la crainte que ce voile ne mette la fillette à l'écart des autres élèves.

L'assemblée des directeurs d'école publique de la région de Gérone a réclamé une réglementation claire pour faire face à ce type de cas. Mais le gouvernement catalan s'y est dit hostile. A Madrid, la ministre de l'éducation du gouvernement central, Mercedes Cabrera, a souhaité que, dans des situations de ce genre prévalent "flexibilité, tolérance et attention aux situations concrètes". La secrétaire d'Etat à l'immigration a placé, elle, l'obligation de scolarisation "au-dessus de tout".

Les syndicats catalans ont applaudi à la réintégration de la jeune Marocaine au nom du caractère "multiculturel" de la société et du "droit des minorités". La question du respect des traits culturels minoritaires a une résonance particulière en Catalogne, où elle se superpose à celle de la défense de l'identité catalane. Des responsables de Convergencia i Unió, le grand parti nationaliste de centre droit, ont mis en garde contre un multiculturalisme qui aurait pour conséquence, selon eux, de "défaire notre identité propre".

Cécile Chambraud
Source: Le Monde

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com