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Le patronat féminin marocain se mobilise pour la parité

Réduire la discrimination entre les hommes et les femmes dans le privé. La tâche que s’est donnée l’Association des femmes chefs d’entreprises au Maroc (AFEM) n’est pas des plus simples. Pour diffuser et inciter à l’adoption de bonnes pratiques dans le secteur privé, le patronat féminin parcourt le pays.

Après Tanger et Béni Mellal, une rencontre, sous le thème «Genre et société», s’est tenue à Casablanca la semaine dernière. Une bonne cinquantaine de businesswomen ­–ainsi que deux ou trois hommes!– sont venus y assister.

Le tableau brossé par le chercheur Saâd Belghazi était des plus désolants. Les femmes marocaines seraient victimes de discrimination à la fois au niveau de l’accès à l’emploi, du salaire et des promotions. À partir de la base de données de la CNSS, le chercheur a établi des moyennes basées sur un échantillon de 1,2 million de salariés. «L’écart entre le salaire mensuel moyen des femmes et celui des hommes est de 48%», conclut son rapport. Mais il n’y a pas que l’argent. Encore trop souvent, les femmes cadres sont confrontées à un plafond de verre dans leur ascension professionnelle. «C’est parmi les cadres moyens que nous trouvons le plus de femmes, très peu d’entre elles accèdent aux postes supérieurs», soutient Belghazi. En fait, selon ses recherches, la discrimination à l’égard des femmes sur le marché du travail est telle que «plus leur niveau d’étude est élevé, plus elles ont de chances d’être au chômage». Bien évidemment, la maternité est la première au banc des accusés. «Et pourquoi on ne pourrait pas obtenir des congés de paternité, comme c’est le cas dans de nombreux pays?», a proposé l’une des assistantes.

La coordinatrice nationale du Projet genre, Najia Zirari, a rappelé que le «genre est d’abord un construit social». «Le sexe marque les caractéristiques biologiques des hommes et des femmes, communes à toutes les sociétés et à toutes les cultures», explique-t-elle. Le genre, par contre, se réfère aux caractéristiques qui se sont forgées tout au long de l’histoire des relations sociales. Elles sont socialement édifiées et inculquées. «C’est ce qui fait dire que les hommes sont courageux et les femmes faibles, avec tous les préjugés et statuts qui en découlent», poursuit Zirari. Car, le problème ne provient pas du rôle attribué à chacun des genres, mais «des charges négatives qui se cachent derrière ces rôles».

Le Maroc déploie cependant des efforts pour tenter de réduire les écarts entre la situation des hommes et celle des femmes. Pour preuve, une circulaire parue en avril 2007 exige que toute administration publique applique l’approche «genre», c’est-à-dire les principes d’équité et d’égalité humaine. Mais le phénomène n’est pas nouveau. Le Projet genre a démarré au début des années 2000, grâce à une coopération maroco-allemande.

Mais selon la plupart des intervenantes présentes, le pouvoir de changer les choses revient surtout aux familles. «L’entreprise prend son ancrage dans la famille», a affirmé l’une d’elles. «À nous d’éduquer nos garçons!», s’est exclamée une autre.

Un label pour 2008
Chose certaine, la soirée fut riche de réflexions. C’est une excellente chose pour la direction de l’Afem, qui songe sérieusement à créer son propre label dès l’an prochain. «Nous allons mettre l’accent sur l’approche genre, c’est sûr. Mais aussi sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises», avance la présidente, Bouthayna Iraqui Houssani.

Marie-Hélène Giguère
Source: L'Economiste

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