· Sécurité, législation, social…
· … la lutte contre le terrorisme concerne plusieurs volets
Trois ans après les attaques terroristes du 16 mai 2003, le Maroc poursuit son combat contre la haine sur plusieurs fronts. Après les terribles épreuves de Casablanca, le pays, touché au cœur de sa capitale économique, s’est réveillé sur des réalités que tout le monde ne voulait pas voir. Cette tragédie a constitué un tournant décisif poussant à réfléchir en commun sur les enjeux fondamentaux de la société.
A commencer par le volet sécuritaire, où la «fin du laxisme», fameuse phrase prononcée par le Souverain lors du discours après les attentas, s’était traduite par une restructuration au sommet de l’appareil sécuritaire. Hamidou Laânigri, dit le général, qui tient ses ordres directement de Fouad Ali El Himma, s’est entouré d’une nouvelle équipe, juste après les attentats, et a élargi son influence sur tout l’appareil. Changement également à la tête de la direction générale des études et de la documentation (DGED contre-espionnage). L’après-16 mai a également été marqué par une nouvelle conception du rôle de l’appareil sécuritaire. Désormais, ce dernier se doit d’être plus proche du citoyen pour le servir et en détecter plus facilement «les mauvaises graines». La création des Groupes urbains de sécurité, les fameux «GUS» qui sillonnent les quartiers des grandes villes 24 heures durant, en constitue l’un des plus importants exemples.
La traque des extrémistes constitue l’une des principales missions pour le nouvel appareil sécuritaire. Plus que la vengeance, le Maroc a besoin de justice et surtout d’assurance. Y a-t-il encore des terroristes parmi nous? Arriveront-ils à passer à l’acte une seconde fois? La réponse ne s’est pas faite attendre. Près de 2.300 personnes sont arrêtées et transférées devant les tribunaux. Les arrestations et garde à vue sont même parfois taxées de «musclées» par des associations de droit de l’homme. Dans le même sillage, une nouvelle loi antiterroriste est adoptée à la hâte par le Parlement. Il s’agit de durcir la législation et de doter l’appareil sécuritaire d’instruments légaux pour combattre le terrorisme. Ainsi, la police judiciaire a obtenu de larges prérogatives. C’est notamment le cas des perquisitions et les visites domiciliaires. En droit, il était impossible de perquisitionner la maison d’un suspect entre neuf heures du soir et 6 heures du matin. Avec la loi antiterroriste, ce n’est plus de mise. Désormais, et après autorisation du procureur du Roi, les enquêteurs ont le droit de perquisitionner à n’importe quelle heure. Une seule condition: la personne concernée doit être soupçonnée d’avoir participé à une entreprise terroriste.
Le secret des communications peut également être violé. Les enquêteurs peuvent organiser des écoutes téléphoniques, ou même installer un contrôle du courrier postal ou des logiciels de suivi des messages électroniques. Le durcissement de la législation s’explique par le besoin pressant d’assurer l’ordre public contre l’ennemi (mondial) public numéro 1: le terrorisme.
De même, depuis les attentats, les projecteurs ont été tournés vers le ministère des Affaires islamiques et des Habous, avec la réforme du champ religieux (voir articles suivants). Parmi ses principaux axes, figurent la promotion de la situation matérielle des responsables des mosquées, la formation des prêcheurs, le contrôle des mosquées, l’instauration de critères plus rigoureux pour le choix des imams, la restructuration des Conseils des ouléma…
INDH et terrorisme
Outre les volets sécuritaire et juridique, le Maroc s’est également engagé dans un programme social destiné à combattre la pauvreté et l’exclusion sociale, jugées comme terrain fertile à l’extrémisme.
Juste après les attentats, SM le Roi a inauguré une série de projets d’habitat social à Casablanca et dans la région de Rabat. Un signal fort de soutien à la politique de proximité du gouvernement. Une politique prévue d’ailleurs depuis l’entrée en fonction de l’équipe de Driss Jettou, mais qui a pris un relief particulier depuis les attentats. Tout y passe: alphabétisation, accès aux soins médicaux publics, lutte contre les bidonvilles, transports urbains...
Cette politique a été recentrée dans le cadre de l’Initiative nationale de développement humain (INDH). Dotée d’un budget de 10 milliards de DH à l’horizon 2010, l’Initiative englobe trois chantiers majeurs. Le premier est la lutte contre la pauvreté dans le monde rural. Quelque 360 communes et plus de 3,5 millions d’habitants sont concernés. Le deuxième est la lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain. Elle devra profiter à 1,5 million de Marocains. La lutte contre la précarité constitue le troisième volet. Il concerne 50.000 habitants. Le tout, en s’appuyant sur un processus de développement local, l’accès aux infrastructures et services de base, l’éducation, la formation et la création d’activités génératrices de revenus.
Source: L'Economiste