Ce 11 mai, un jeune de 18 ans a abattu trois personnes d’origine étrangère à bout portant, dans le centre d’Anvers. Deux personnes - dont un enfant de deux ans ! - sont mortes, une autre a été grièvement blessée.
Le même jour, la VRT annonçait, sur son site Internet, qu’on avait retrouvé le corps d’un jeune marocain de 21 ans, disparu après une dispute en discothèque, qualifiée de raciste par la famille.
La veille, le 10 mai, le Standaard parlait de l’incendie criminel de la maison d’une famille marocaine à Heulen, en Flandre orientale.
Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 mai denier, deux étrangers ont été tabassés par une bande de skinheads à Bruges, l’un d’entre eux est toujours dans le coma.
Cette violence folle ne sort pas de nulle part. Elle est le résultat d’années de discours ambigus ou ouvertement racistes visant à faire des « étrangers » les responsables des frustrations individuelles et des misères sociales, mettant aujourd’hui leur propre sécurité en danger.
Souvent, ces discours sont relayés plus ou moins implicitement par certains partis politiques, des institutions ou par une partie de la presse. Les déclarations du Parquet sur l’origine des meurtriers de Joe sont de cet ordre. Elles ne sont pas sans conséquences, semble-t-il.
Les partis d’extrême droite forment l’ossature idéologique et politique des stigmatisations et de ceux qui les exercent de manière militante comme les Skinheads. A cause du financement public dont ils bénéficient toujours (!), les partis d’extrême droite peuvent organiser confortablement les tenants de la stratégie du bouc émissaire. A cet égard, il est honteux que la proposition du 23 novembre 2005 du MRAX et de KIF KIF de faire supprimer les dotations publiques aux partis racistes ait été mise au frigo par les partis dits démocratiques, même francophones.
Un des agresseurs de Bruges a déjà été libéré, les autres sont inculpés sous des motifs ridiculement légers par rapport à ce qu’ils ont commis. Les législations antiracistes doivent être appliquées adéquatement, et avec rigueur. Plus globalement, il faut aussi continuer à dénoncer et empêcher réellement l’implantation de l’extrême droite dans des institutions comme la police et la justice !
Le MRAX souhaite insister sur le fait que l’insécurité ou le sentiment d’insécurité ne sont pas « unilatéraux », aujourd’hui les personnes étrangères ou d’origine étrangère se sentent menacées et le sont réellement !
A l’heure où le thème de l’insécurité a repris le devant de la scène médiatique à l’occasion du meurtre de Joe Van Holsbeeck, le MRAX tient à rappeler que le racisme organisé – dont celui des skinheads néo-nazis en est souvent l’expression la plus opaque et la plus violente – constitue également une sérieuse menace pour notre jeunesse et notre démocratie.
La lutte contre le racisme organisé demande une attention particulière et des moyens spécifiques, que les pouvoirs publics ne rencontrent pas suffisamment à ce jour. La tentation sécuritaire de ces dernières semaines, focalisée exclusivement sur des mesures immédiatement visibles (caméras de surveillance, présence policière accrue, etc.), n’est sans doute pas la seule adéquate. N’oublions pas que vivre ensemble, cohabiter les uns avec les autres, s’apprend d’abord dans les lieux de socialisation comme l’école.
Enfin et de manière peut-être inédite, le MRAX, contrairement au Premier Ministre Guy Verhofstadt, n’entend pas lancer d’appel au calme !
Le MRAX insiste pour que la colère légitime que suscitent ces actes racistes puisse se dire : une manifestation a lieu ce soir à Sint kruisen, une autre ce week-end à Anvers. L’organisation Vaka/Hand in Hand a lancé l’idée d’organiser à nouveau une grande marche silencieuse antiraciste à Anvers le 26 mai. Des associations francophones veulent organiser un rassemblement devant le Palais de Justice lundi en fin de journée.
A toutes ces actions citoyennes, nous nous y associerons… sereinement mais dans la colère !
Personnes de contact :
Radouane BOUHLAL, Président du MRAX – 0475/75.14.89 [email protected]
Didier de LAVELEYE, Directeur du MRAX – 02/209.62.59 [email protected]
Source : Communiqué de presse du MRAX