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Agadir-Affaire Servaty: Le soutien aux victimes se poursuit

La mobilisation autour des femmes impliquées dans le scandale des CD et photos pornographiques continue. Il n’est pas question que Philippe Servaty, le journaliste belge à l’origine de l’affaire, s’en tire à bon compte.

Les onze femmes, libérées de prison depuis quelques mois suite à une grâce royale, ne sont pas en effet livrées à leur sort. Des ONG se mobilisent pour défendre leurs droits. Outre la solidarité de l’association Anaruz, la cause rallie également depuis un certain temps des personnalités étrangères réunies au sein d’un collectif “Solidarité avec les femmes du sud”. Fatiha Saïdi, parlementaire socialiste bruxelloise et membre de ce mouvement, a fait le déplacement dernièrement à Agadir pour rencontrer une nouvelle fois les femmes victimes. Elle n’en est pas en effet à sa première visite.
L’été dernier, elle était accompagnée d’un avocat, Redwan Mettioui qui a accepté de prendre en charge le dossier et assurer la défense des victimes de Servaty. Au cours de la dernière visite, il s’agissait d’aborder avec les intéressées leur réinsertion dans la vie sociale et active. “Les injustices à l’égard de ces femmes ne sont pas terminées et les dégâts psychologiques occasionnés sont énormes. Il ne faut pas les laisser tomber, surtout pas maintenant”, souligne Fatiha Saïdi. Lors de son déplacement, la députée socialiste bruxelloise comptait repartir avec les extraits d’actes de naissance des deux filles qui étaient mineures lors de la période des faits. Dans le cadre de l’action en justice initiée en Belgique depuis le mois de juillet dernier, ces documents sont déterminants. L’ex-journaliste du Soir a enfin été entendu récemment par un juge d’instruction belge. Selon des informations rapportées par la presse belge, Servaty est même passé partiellement aux aveux. “Il admet en effet avoir pris les photos, mais nie les avoir diffusées sur le Net’’, explique un confrère.
Aujourd’hui, Servaty n’est toujours pas inculpé. Et donc libre de ses mouvements.

Pour Fatiha Saïdi, les extraits d’actes de naissance des victimes qui étaient mineures à l’époque des faits pourraient changer le cours des choses. Les plaintes déposées en juillet sont basées sur l’outrage public aux bonnes moeurs et les traitements inhumains et dégradants subis. Par ailleurs, l’avocat des victimes compte évoquer le viol sur mineure de moins de 14 ans et de corruption de la jeunesse, car le tourisme sexuel n’est réprimé en Belgique que dans les cas où sont impliqués des mineurs. Dans cette affaire, cet élément est d’une grande importance, car une loi belge datant de 1995 prévoit le principe d’extraterritorialité, lequel permet au parquet belge de poursuivre une personne établie en Belgique qui a commis des faits à l’étranger. «Aujourd’hui, l’extrait d’acte de naissance d’une des filles victimes concernées vient d’être expédié en Belgique», indique Abderrahman Lyazidi, président de l’association Anaruz. Un autre extrait d’acte de naissance d’une autre fille suivra bientôt.
A Agadir, toutes les victimes espèrent que cela changera le cours de l’histoire. Car, bien que libérées de prison, elles continuent à être au ban de la société.


Carte de visite

Femme de conviction, Fatiha Saïdi est née en Algérie en 1961 de parents marocains. Elle vit en Belgique depuis l’âge de cinq ans. Licenciée en psychopédagogie, elle a été très tôt active dans le milieu associatif.

Elle a également travaillé au sein d’associations prenant en charge les personnes toxicomanes, les jeunes en difficulté et les femmes issues de l’immigration. C’est aux élections régionales de juin 1999, où elle figure sur les listes du parti Ecolo, qu’elle est élue députée bruxelloise. En juillet 2003, elle quitte ce parti tout en continuant à siéger comme députée indépendante, jusqu’à la fin de la législature, au Parlement bruxellois. En avril 2004, Fatiha Saïdi se présente aux élections régionales pour le parti socialiste. En juin, elle est réélue. Parmi ses plus grandes motivations: le combat féministe. C’est son parcours personnel, de femme de terrain, qui a fait d’elle une femme politique plus particulièrement sensible à la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Malika ALAMI
Source : L'Economiste

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