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Ramadan: Diabétiques, consultez votre médecin!

Le diabète et le Ramadan ne font pas toujours bon ménage. Dans certains cas, les médecins interdisent formellement au malade diabétique de jeûner. La règle numéro un à respecter est d’aller voir son médecin traitant avant le Ramadan, de suivre ses instructions et de renouveler les visites pendant et après le mois sacré.

Car c’est lui seul qui pourra juger au cas par cas, en fonction de plusieurs tests et analyses (taux de sucre dans le sang…) si le jeûne sera autorisé ou non. Après, le malade devra suivre absolument les prescriptions du médecin et conserver la communication avec lui. Et s’il refuse de le faire, ce sera à ses risques et périls. Les diabétiques têtus (refusant de se conformer à la prescription de leur diabétologue) vont au-devant de graves complications et risquent à tout moment l’hyperglycémie, l’hypoglycémie ou la déshydratation. Il s’agit de sérieux problèmes, qui peuvent entraîner l’hospitalisation et la mort dans certains cas extrêmes. La vigilance est donc de rigueur. Les diabétiques à qui il est formellement interdit de jeûner sont les insulino-dépendants, affirme docteur Slaoui Diouri Zineb, endocrinologue et diabétologue à Casablanca. Les femmes diabétiques enceintes ou en période d’allaitement sont elles aussi exemptes de jeûne, de même que celles qui souffrent d’un diabète gestationnel pendant leur grossesse. En ce qui concerne les diabétiques traités par comprimés, ne doivent pas jeûner ceux qui sont «mal équilibrés», c’est-à-dire qui ont une glycémie soit inférieure, soit supérieure à la normale. Il en est de même pour ceux qui souffrent de complications rénales, ophtalmologiques, cardiologiques ou autres...

Pour les autres, le médecin autorise généralement le jeûne, mais sous certaines conditions bien particulières. De nouvelles consignes leur sont édictées, leur traitement est modifié, avec un changement des doses administrées et des horaires de prises de médicaments.

Côté alimentation, il est conseillé aux diabétiques qui jeûnent de fractionner les repas, de prendre trois repas, de ne pas trop manger, en évitant bien sûr le gras et le sucré. Des sucres complexes sont conseillés pendant le dernier repas pris avant le lever du soleil tandis que des sucres simples sont plus appropriés pour le repas du soir. Dans tous les cas, il est conseillé d’augmenter les quantités d’eau absorbées. Contrairement aux idées reçues, les diabétiques doivent faire du sport, surtout s’ils sont en surpoids. Pendant Ramadan, il vaut mieux le faire après la rupture du jeûne. Marcher, courir ou jardiner, bouger un minimum permet de baisser la glycémie, le taux de sucre dans le sang. Pour les cas de diabète de type II, aucune précaution particulière n’est à prendre. Pour les diabétiques de type I en revanche, la dépense supplémentaire d’énergie peut poser problème. Il suffira de la compenser avec un régime adapté (glucides complexes -pâtes, féculents...- avant l’effort, et des glucides simples pendant l’effort s’il doit être prolongé).

Quant au choix du sport, l’éventail est large. Natation, cyclisme, gymnastique... il n’y a que l’embarras du choix, le tout bien sûr, sans cigarette. Les diabétiques qui jeûnent doivent également contrôler leur taux de glucose chez eux, examiner régulièrement leur urine pour l’acétone, se peser quotidiennement, contrôler la quantité de calories absorbées et dormir suffisamment. Ils devraient être capables de prendre leur pouls, leur température, mais aussi être vigilants quant à une quelconque infection de la peau et noter les changements dans la vigilance mentale. Ils devraient être particulièrement attentifs en cas de douleur d’ordre colique, de signe de colique rénale, d’hyperventilation ou de déshydratation, et être capables de demander une aide médicale rapide, plutôt que d’attendre le jour suivant.

Epidémie
Chaque minute dans le monde, 6 personnes meurent du diabète par suite d’une complication. Au total, cette maladie serait donc à l’origine de près de 4 millions de décès par an! C’est-à-dire autant que le sida... Ces chiffres sont avancés par l’Organisation mondiale de la santé et par la Fédération internationale du diabète, la FID. Une véritable hécatombe, qui d’ailleurs n’est pas près de s’arrêter.

Au contraire même, puisque la prévalence du diabète à l’échelle mondiale progresse de façon alarmante. En 2000, il y avait environ 171 millions de diabétiques. Ils sont aujourd’hui 246 millions. Et d’ici 2025, ce chiffre devrait atteindre 380 millions! En cause pour l’essentiel, une hygiène de vie insuffisante...

La FID est catégorique, «80% des diabétiques sont également obèses». D’où l’importance d’une meilleure hygiène de vie: une alimentation équilibrée pour contrôler le taux de sucre dans le sang (la glycémie), une meilleure gestion des stress, un suivi médical de qualité, l’arrêt impératif du tabac et, bien sûr, une activité physique régulière...

Deux types de diabète
Il existe deux diabètes -les diabètes de types I et II- qui recouvrent des maladies différentes. Le premier, qu’on appelait autrefois le diabète insulino-dépendant, correspond à un déficit de la production d’insuline dans le corps.

Il se manifeste dès le plus jeune âge mais est très minoritaire: environ 10% des cas de diabète dans le monde. Le diabète de type II, lui, apparaît plus tard dans la vie et ne cesse de s’étendre. Il ne correspond pas à un manque d’insuline mais à un défaut dans l’utilisation de cette dernière par l’organisme. Ce diabète, souvent appelé «gras», est étroitement lié à notre mode de vie. Notre sédentarité croissante est aggravée par une alimentation trop riche en graisse et en sucre. Avec à la clé, de sérieuses complications vasculaires et cardiaques.

Trop sucré, le monde arabe!
Le monde arabe est frappé de plein fouet par ce fléau. Au Moyen-Orient, 9,2% de la population en serait atteinte: c’est le record mondial. Et près de 50% des 40-59 ans seraient touchés. Plus de 24% des Qataris seraient diabétiques: pratiquement une personne sur quatre!

Quant aux pays du Maghreb, ils ne sont pas en reste. L’OMS estime qu’au moins 4,5% des plus de 20 ans y sont atteints de diabète de type II. Un pourcentage qui devrait monter à 6%, voire 7% dès 2025. Au Maroc, c’est 8% de la population qui en souffrirait: soit 2 millions et demi de personnes sur un total de 30 millions.

Cette forme de diabète apparaît généralement autour de la quarantaine, mais la tendance est très marquée depuis quelques années, au «rajeunissement» de ces malades.

Il y a désormais bien des adolescents qui présentent la maladie sous cette forme. En cause semble-t-il, la progression des modes alimentaires américains, extrêmement déséquilibrés.

Nadia Belkhayat
Source: L'Economiste

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