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Sahara : Le Maroc comparé à Israël

On pensait l'image d'un Maroc colonisateur et d'un territoire sahroui occupé, obsolète. T. Mbeki, J. Baker et H. Chavez viennent de déterrer un vocabulaire que l'on croyait dépassé. En 1991, l'appropriation par le Conseil de sécurité du conflit du Sahara avait permis de déloger le dossier des seules mains de la commission onusienne chargée des affaires de décolonisation.

Dans celle-ci, la question du Sahara était envisagée sous le même angle que celle du Timor ou de la Palestine. Le dossier du Sahara posé sur la table du Conseil onusien, il devenait possible d'envisager une solution intermédiaire permettant au Maroc de trouver un habillage juridique pour ses provinces du Sud, acceptable par la communauté internationale.


Palestiniens et sahraouis dans le même panier ?

Quatorze ans plus tard, lorsque, s'adressant au Roi Mohammed VI, Thabo Mbeki, président d'un pays considéré désormais comme la référence démocratique du continent africain, fait le parallèle entre les Sahraouis et les Palestiniens, on mesure l'ampleur du retour en arrière. D'autant que le président d'Afrique du Sud n'est pas le seul à faire cette comparaison. James Baker avait donné le « la » dans sa sortie médiatique d'août dernier. « Les Sahraouis vous diront que le Sahara Occidental est le dernier cas de décolonisation auquel doivent faire face les Nations Unies, expliquait-il dans l'interview accordée à la chaîne américaine PBS. Et la majorité de l'Assemblée générale voterait probablement ainsi, parce que, quand l'Espagne s'est retirée, elle n'a pas décidé - il n'y a jamais eu de décision concernant la souveraineté sur l'ex-Sahara espagnol. Vous avez le même problème avec le conflit arabo-israélien ». Le Maroc n'est-il pas là en train de payer aujourd'hui son refus catégorique, depuis plus d'un an, de discuter du plan Baker ? Interrogé par Le Journal hebdomadaire, un ancien responsable de la MINURSO avait eu à l'annonce de la démission de l' émissaire onusien en juin dernier cette remarque prémonitoire : « S'opposer au plan de Baker, très bien. Sauf que le Maroc a déjà un antécédent avec le plan de Perez de Cuellar de 1991. Si l'ONU a le sentiment que ses efforts sont inutiles, on en reviendra à la problématique originelle, celle d'un problème de décolonisation, et donc une solution se limitant à un référendum ». Le 15 septembre dernier, à Alger, Alvarro de Soto donnait raison à l'expert onusien. En tournée dans la région, le remplaçant de Baker déclarait qu'il était mandaté pour trouver « une solution fondée sur le droit à l'autodétermination sahraouie ». Même Baker, pourtant si décrié au Maroc, utilisait rarement un jargon -diplomatique- aussi « dur »… Comment en est-on arrivé là ? De ce point de vue, le cas de l'Afrique du Sud est intéressant. Le processus de règlement onusien, relancé par James Baker après l'échec du plan de Perez de Cuellar, avait permis de mettre un bémol aux aspirations de l'ANC, le parti de libération sud-africain, qui venait d'accéder au pouvoir et qui souhaitait officialiser sa relation avec la RASD. Le gouvernement de Mandela avait accepté de la reporter afin de donner une chance de réussite au processus en cours. James Baker était intervenu en personne, ses relations personnelles avec Nelson Mandela aidant. Aujourd'hui, de cela il n'est plus rien. Le Maroc a accepté puis refusé le principe du référendum, accepté puis refusé le plan d'autonomie de Baker, et a même été jusqu'à se retourner contre l'ONU en laissant entendre qu'une solution directe entre les parties serait préférable à un règlement onusien lorsque le Conseil de sécurité, en juillet 2003, avait fait pression sur le Royaume.


Une campagne de communication du Polisario

Les tergiversations du Maroc sont un argument de poids pour les cadres du Polisario. Affaibli par le départ de James Baker, le mouvement séparatiste s'est mobilisé cet été dans la préparation d'une politique de communication pour la rentrée. Celle-ci repose sur trois arguments : la mauvaise foi de la diplomatie marocaine, l'interview sur la chaîne américaine PBS de James Baker où il appuie cet argument et les conditions humanitaires à Tindouf. Mais cette fois, à la différence des campagnes précédentes où l'Algérie relayait chaque campagne, « le Polisario parle seul », explique un observateur averti. Est-ce là le dernier soubresaut du « monstre », les grandes puissances occidentales étant favorable aujourd'hui à la cause marocaine (par pur pragmatisme politque), ou au contraire un regain d'énergie de la part des séparatistes ? L'avenir le dira.

Source : Le Journal Hebdomadaire

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