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Afilal réussit un ultime tour de force

Des chiens, des gourdins et des sbires. La crise de l’UGTM prend des allures de guerre des gangs. Afilal s’accroche à son syndicat en s’entourant d’une armada de militants prêts à tout. Il n’a pas hésité à utiliser des propos grossiers et injurieux pour repousser ses détracteurs. «S’ils viennent au siège, “nakhli dar bouhoum”, que L’Economiste traduit en des termes plus relevés, nous allons les rosser», a-t-il lâché spontanément. Il était même prêt à utiliser des chiens pour décourager les plus téméraires à avoir accès au QG de la centrale.

Toutefois, la confrontation directe entre les contestataires et les pro-Afilal a été évitée de justesse. Cette fois-ci, c’est Abbas El Fassi qui se manifeste et reprend les commandes du syndicat. Sur sa demande, les amis de Hamid Chabat, maire de Fès et chef de file de la fronde anti-Afilal, ont suspendu la réunion qu’ils devaient tenir hier dimanche 4 septembre au siège de la centrale. Le groupe dit des 14 (appelé aujourd’hui des 17), en présence des présidents des bureaux régionaux et des syndicats sectoriels, devait officiellement limoger Afilal. Selon des sources proches de ce dernier, c’est lui-même qui aurait demandé à Abbas El Fassi d’empêcher les meneurs de la fronde de se réunir. Les mêmes sources affirment que dans tous les cas de figure, Afilal est partant. “Il veut partir dans la dignité et surtout en évitant le scénario des comptes à rendre sur sa gestion financière de la centrale”, confie-t-on.

“Nous avons respecté la décision du bureau exécutif de l’Istiqlal d’observer un moment de réflexion afin d’éviter l’implosion du syndicat”, a déclaré à L’Economiste Mohamed Larbi Kabbaj, proclamé coordinateur de l’UGTM.

Pendant ce temps-là, ce sont les amis d’Afilal qui se sont regroupés en petit nombre (une soixantaine) dimanche 4 septembre devant le bâtiment délabré du siège de la centrale à Casablanca. Ils ont scandé des slogans contre ce qu’ils ont appelé les “traîtres”. Une dizaine de voitures de GUS étaient présentes pour intervenir en cas d’affrontements.

A son arrivée, Afilal a été accueilli avec des slogans de victoire. “Tout le monde est avec moi. Ce sont quelques éléments sans aucune légitimité qui tentent de m’exclure”, a-t-il déclaré à L’Economiste. Pour lui, la réunion de dimanche qu’il a présidé s’inscrit dans l’habituelle préparation de la rentrée sociale. Mais dans la réalité, elle sert surtout à essayer un dernier coup de force contre ses détracteurs.

Quant au parti, qui montre clairement l’étendue de sa tutelle sur le syndicat, il essaiera encore de sauver l’unité de la centrale. La semaine prochaine sera marquée par les délibérations du comité exécutif du parti qui essaiera de trouver “une solution définitive à la crise de l’UGTM”, est-il souligné.


Encyclopédie de guerre

La confrontation entre Afilal et ses détracteurs à l’UGTM s’inspire beaucoup du lexique de la guerre. Les affronts sont parsemés de mots comme “bombardement, invasion, bastonnade…). Afilal, qui aurait recruté des sbires accompagnés de chiens pour décourager ses opposants, aurait aussi demandé la protection des autorités. “Une première dans le monde syndical”, commente un observateur. Selon Kabbaj, Afilal aurait déclaré le siège principal de l’UGTM ainsi que ceux du port et du quartier Hay Mohammadi des lieux infranchissables. A la fin de la semaine dernière, les anti-Afilal auraient essayé d’investir le bureau du port relevant de l’UGTM. “Ils étaient presque une soixantaine de personnes. Ils n’ont donc pas pu tenir tête à nos militants qui étaient au nombre de 100”, raconte Afilal jubilant. Encore une fois, les termes de la guerre rythment les déclarations des uns et des autres. C’est cela le vrai visage du syndicalisme marocain.

Mostafa BENTAK
Source : L'Economiste

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