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«Le complexe de Perijil » transcendé, selon le ministre José Bono

« Nous sommes passés de la confrontation à Perejil (îlot Leila/Tourah) au départ conjoint pour Haïti. De l'étape où les drapeaux du Maroc et de l'Espagne flottaient avec hostilité à celle où ils iront conjointement pour une mission de l'Onu. Le complexe Perejil a été transcendé », a déclaré M. José Bono, ministre espagnol de la Défense, dans un entretien au journal El Mundo, publié hier.

Les deux pays avaient, dans ce sens, décidé d'envoyer un contingent commun dans le cadre de la Mission de Stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTHA) qui a pour objectif d'aider le gouvernement de transition en Haïti à organiser des élections libres et asseoir des institutions démocratiques dans le pays.
Rabat et Madrid avaient, préalablement, résolu la plupart des questions qui suscitaient des malentendus passagers entre eux. Une nouvelle étape de collaboration et de coopération est, aussi née entre les deux capitales.

Comme en attestent, la visite historique du premier ministre espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero au Maroc, les efforts de lutte contre le terrorisme et la régularisation des immigrés illégaux qui travaillent en Espagne depuis trois ans… Les deux pays, en envoyant le contingent commun à Haïti, ont transcendé, le « complexe Perejil », comme le ministre espagnol de la Défense l'a qualifié. Ce dernier a failli déboucher sur le pire.

Les interventions des pays amis tels, les Etats-Unis, la France et d'autres, ont été d'une grande importance et ont conforté le terrain d'entente entre Rabat et Madrid.

Mésentente passagère
L'îlot « Leïla » dit « Persil », se situe au pied du Mont Moussa, à moins de 200 mètres de la terre ferme, à 40 km à l'Est de Tanger. Sa superficie est estimée à 13.5 ha.

Il s'agit d'un rocher aride et inhabitable, utilisé exclusivement pour l'élevage sauvage des caprins, par les populations marocaines du Mont Moussa. Il est connu dans les cartes sous le nom le l'Ilot « Leïla » et c'est la même dénomination que lui confère, jusqu'à présent, les cartes officielle marocaines. La lutte contre l'émigration clandestine, la contrebande, ainsi que toute autre activité à caractère illégal conduisent le Royaume du Maroc à mener un contrôle constant à travers l'ensemble de son territoire. Aussi bien sur la terre ferme que sur le milieu maritime.

C'est dans ce but qu'a été déployée, le 11 juillet dernier, une unité de sécurité sur l'îlot de Leila. Depuis, sa libération en 1956, à l'occasion de la fin du protectorat espagnol sur la zone nord du Royaume du Maroc, les forces de sécurité marocaines y avaient assuré une présence soit permanente soit intermittente, en fonction des exigences de la sécurité dans la région. Cette présence n'a jamais, et à aucun moment, soulevé la moindre difficulté.

Une démarche, qui s'inscrivant dans le cadre de l'exercice de la souveraineté et de la plénitude des droits de l'Etat marocain sur son territoire national.

Initiative face à laquelle l'Espagne a réagi de manière injustifiée, et en contradiction avec la légalité internationale, et ce suit à l'affaire « Leïla », rendant vaines les dispositions du Traité d'amitié de bon voisinage et de coopération signé en 1991 avec le Maroc. L'îlot est inclus dans les eaux territoriales marocaines telles qu'elles ont été délimitées par le Décret du 21 juillet 1975 déterminant les lignes de fermeture de baies sur les côtes marocaines et les coordonnées géographiques de la limite des eaux territoriales du Royaume du Maroc.

Pour la façade méditerranéenne, ce décret a délimité les espaces marins sous juridiction nationale de telle manière que l'ensemble de cette façade, de Tanger à la frontière algéro-marocaine, se trouve soumise à la juridiction exclusive du Royaume du Maroc, ce dont la législation espagnole a pris acte.

En effet, le décret espagnol n. 267/1976 du 5/31976 relatif à la délimitation des espaces maritimes espagnols en Méditerranée, ne fait aucune référence à l'îlot Persil en tant que territoire espagnol sur le littoral méditerranéen du Maroc.

Tout a commencé, le 11 juillet 2002, lorsque le Maroc a installé un poste de surveillance sur l'îlot Leïla, dans le cadre de la lutte anti-terroriste, et pour combattre l'immigration clandestine. Un jour après, le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires ètrangères, d'alors, M. Miquel Ladal, a déclare que : « L'intervention du Maroc est un fait grave et préoccupant ». Sa déclaration a été suivie par une note verbale à l'ambassade du Maroc à Madrid dans laquelle, l'Espagne a estimé que « cette situation représente une modification du statu quo actuel, et ne correspond pas à la volonté de maintenir des relations amicales dans l'esprit du traité, de bon voisinage et de coopération de 1991. La tension entre les deux capitales était à son seuil.

Ainsi, après quelques jours d'accrochage diplomatique, l'armée espagnole s'est emparée de l'îlot Leïla vers 4.00h GMT, et a « délogé » les « soldats marocains » qui s'y trouvaient depuis une semaine. Aucun blessé n'a été enregistré. Une démarche, mal vue par l'ensemble des pays, qui n'ont pas hésité de montrer leur inquiétude et leur mécontentement vis-à-vis l'intrusion militaire de Madrid dans une île d'un autre pays. Certains pays ont opté pour la résolution diplomatique du conflit. Le Maroc a joué alors sur ce registre en faisant appel aux Nations unis, à l'Union européenne et aux divers Etats pour trouver une solution finale et adéquate entre Madrid et Rabat.

A l'issue des entretiens entre les ministres des Affaires ètrangères marocain et espagnol, un communiqué de presse conjoint a été publié, le 22 juillet 2002, confirmant l'accord visant à établir et maintenir la situation relative à l'îlot Leila (Toura/ Persil), qui existait avant juillet 2002, tel qu'entendu par le secrétaire d'Etat des Etats-Unis d'Amérique, M. Colin Powell.

Deux ans après, l'initiative commune de Rabat et Madrid d'envoyer le contingent commun à Haïti, marquera un point important dans le processus de collaboration et de coopération entre les deux pays, frères et voisins. Le malentendu n'est plus, les bonnes relations ont repris le devant de la scène. Le Maroc et l'Espagne sont désormais sur la voie d'un avenir commun à la mesure des ambitions légitimes de ces deux pays liés par l'Histoire, la culture, la géographie…

Rida ADDAM
Source : Le Matin

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