Le roi Juan Carlos en visite privée, une délégation ministérielle qui entame une visite officielle et un mémorandum d'entente dans le secteur agricole... Tout va bien, de nouveau, entre les deux voisins.
La visite est d'ordre privé. Et aucune information officielle n'a pour l'heure été communiquée, ni côté marocain ni côté espagnol. Elle n'en revêt pas moins une importance capitale et marque un véritable tournant dans les relations, tumultueuses, entre le Maroc et L'Espagne. Le roi Juan Carlos est attendu au Maroc. Ce sera plus exactement à El-Jadida où le roi d'Espagne assistera notamment au salon international du cheval. Sans le nier, cette source à la Zarzuela affirme qu'une «visite privée est une visite privée» et qu'aucun commentaire n'était permis. Quoi qu'il en soit, le déplacement du souverain espagnol marquera le retour à la normale des relations entre les deux Palais et, aussi, les deux pays, la dernière fois que Juan Carlos s'était rendu au Maroc datant de janvier 2005. C'était dans le cadre d'une visite d'Etat suivie d'un déplacement à Alger qui n'a pas manqué de faire grincer bien des dents à Rabat.
Depuis, plus rien. On s'en souvient, les liens entre les deux monarchies s'étaient grandement détériorés suite à la visite qu'a effectué Juan Carlos aux enclaves marocaines de Sebta et Melilia en novembre 2007. La crise s'était soldée, notamment, par le rappel de l'ambassadeur du Maroc en Espagne, Omar Azziman, et de vives protestations, tant officielles que populaires. Un froid glacial s'est installé depuis entre le roi Mohammed VI et celui qu'il a qualifié (dans l'entretien accordé aux débuts de son règne au Time) d'oncle, de «presque parent» et de «personne la plus extraordinaire que j'ai connue depuis fort longtemps». La visite, pour privée qu'elle soit, est ainsi synonyme de réchauffement des relations entre les deux pays. Ceci, à l'heure où les dossiers chauds unissant les deux pays ne sont pas près de refroidir, lutte anti-terroriste et contre l'immigration clandestine en prime, mais aussi coopération économique, à un moment où l'Espagne vit sa pire crise économique depuis le boom entamé dans les années 1970. Et comme pour confirmer que tout va bien dans le meilleur des mondes, le gouvernement espagnol vient d'annoncer un déplacement d'une grande délégation espagnole à Rabat et Casablanca. Celle-ci sera menée par la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernández de la Vega et sera entamée dès ce mercredi par un déplacement de deux jours à Rabat. Accompagnée d'une équipe étoffée, avec notamment Miguel Angel Moratinos, ministre des affaires étrangères, de la Vega aura notamment des entretiens avec le Premier ministre Abbès El Fassi, jeudi dans la capitale. La vice-présidente aura auparavant eu une rencontre avec les chefs d'entreprises espagnoles installées au Maroc, mercredi dans la capitale économique.
Le voyage, qui revêt un caractère officiel, sera également marqué par des rencontres «de haut niveau» et marquera la première prise de contact entre la responsable espagnole et le Premier ministre marocain, près de quatre mois après la réunion qu'El Fassi a eu avec son homologue José Luis Rodriguez Zapatero, le 12 juillet dernier. Là encore, et comme le souligne cette source diplomatique, ce déplacement intervient pour marquer le retour à l'ordre des relations entre les deux pays. L'économie n'est jamais loin. Et comme pour matérialiser la bonne santé retrouvée des liens économiques, le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhennouch était, mardi déjà, à Madrid où il a rencontré son homologue Elena Espinosa. Un mémorandum d'entente pour renforcer la coopération entre leurs départements respectifs a d'ailleurs été signé à cette occasion. Le plan «Maroc Vert» a également été présenté devant un parterre d'experts espagnols en agriculture. Le tout pour dire que Maroc-Espagne, comporte encore de belles perspectives à venir.
Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos