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USFP: Qui succédera à El Yazghi?

«Ouf! Il était plus que temps». C’est ainsi qu’a réagi un cadre, membre du Bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) au lendemain de la démission de Mohamed El Yazghi de son poste de 1er secrétaire du parti. Un «ouf» qui en dit long sur l’atmosphère qui règne au sein de la formation de Abderrahim Bouaâbid, depuis la déroute des socialistes aux dernières élections législatives.

Dans le sillage de la démission du ministre d’Etat sans portefeuille, un autre ministre usfpéiste a également présenté la sienne. Abdelouahed Radi, ministre de la Justice dans le cabinet d’Abbas El Fassi, a, en effet, annoncé, lundi en début de soirée, soit quelques heures à peine après El Yazghi, qu’il décrochait lui aussi de son poste de 1er secrétaire-adjoint. Le Bureau politique de la formation socialiste avait laissé au tandem El Yazghi-Radi jusqu’à hier mardi pour démissionner. Faute de quoi, une forte majorité de cette haute instance du parti allait «simplement les démettre de leurs fonctions». C’est la même majorité qui avait porté les deux hommes au sommet de la hiérarchie du parti. Le Bureau politique devait donc entériner la démission des deux premiers responsables, lors de sa réunion hebdomadaire d’hier. Pour combler le «vide» laissé par le départ des deux hommes, le Bureau politique a confié la direction du parti à un «comité restreint et provisoire». Fathallah Oualalou, Habib El Malki et Driss Lachgar ont été désignés pour gérer les affaires courantes et veiller aux préparatifs pour l’organisation du 8e Congrès du parti. Un congrès dont El Yazghi attend beaucoup.

Une triplette pour les affaires courantes
L’ex-1er secrétaire a déjà appelé dans la lettre de démission qu’il a adressée lundi au Bureau politique, à ce que «les préparatifs soient confiés à des militants en mesure de mobiliser toutes les énergies du parti, d’attirer de nouvelles forces dans ses rangs…». Surtout parmi ceux qui lui sont toujours fidèles. Une manœuvre, encore une! dit-on dans les coulisses de la formation politique. Mohamed El Yazghi aurait déjà commencé à préparer son come-back. Il compte sur la tenue du Congrès en mars prochain pour «se redonner une légitimité et revenir à la tête du parti». «C’est de bonne guerre, mais qui n’honore en rien Si El Yazghi», commente un membre du Bureau politique. Ceux qui connaissent El Yazghi affirment que l’ex-1er secrétaire n’allait pas en rester là. En effet, ils sont «convaincus qu’il va manoeuvrer, voire intriguer, de telle sorte que le mandat des membres actuels du Bureau politique ne soit pas renouvelé». «Il cherchera, et fera tout, pour que de nouveaux membres soient portés au Bureau politique ». A condition qu’ils lui soient fidèles. Mais, ceux-là mêmes qui viennent de l’acculer à la démission, ne l’étaient-ils pas?

En attendant, Oualalou, El Malki et Lachgar auront beaucoup de pain sur la planche. Leur première tâche devrait consister, selon le bon sens, d’abord à réactiver la commission d’évaluation des résultats des élections. Cette dernière avait été créée pour «analyser les causes de l’échec du parti» aux législatives 2007. Elle ne s’est réunie qu’une seule fois. C’est un autre reproche qui a été fait à El Yazghi. Ensuite, le comité doit se pencher sur l’organisation du 8e Congrès. Sa réussite cautionnera, selon les observateurs, la restructuration de tout le parti. Très attendu, ce congrès décidera de l’avenir de toute la formation politique. Enfin, les trois nouveaux «mousquetaires» de l’USFP auront à faire dans la proximité. Celle qui rapproche la direction de la base qui ne cesse de se «plaindre de sa marginalisation». Pour ce faire, une série de meetings et de réunions sera nécessaire pour expliquer aux militants la nouvelle stratégie du parti et aussi pour «recoller ce qui a été cassé par la gestion d’El Yazghi». En d’autres termes, il s’agit maintenant, pour la direction, même provisoire, de renouer avec les militants. Cela ne se fera pas sans une large opération de sensibilisation et de revitalisation des sections locales et régionales, soulignent des sources proches du Bureau politique.

Ceci étant, reste à trouver un successeur à Mohamed El Yazghi. «Il sera forcément l’un des trois du Comité provisoire», pronostique un membre du Bureau politique. Entre Driss Lachgar, candidat malheureux aux dernières législatives, fidèle d’El Yazghi jusqu’à ce qu’il soit écarté de la liste des «ministrables», Fathallah Oualalou, homme d’écoute et de consensus, et Habib El Malki, le «sage» qui sait contenir ses colères, le futur Bureau politique aura certainement du mal à choisir. En tout état de cause, le parti ne manque pas de cadres et la course au sommet de la hiérarchie de l’USFP reste ouverte. Encore faut-il éviter les maladresses du passé récent et reconstruire l’Union socialiste sur de nouvelles bases loin des idéologies qui ont mal évolué.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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