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Législatives 2007: Difficile quête de majorité

A la lecture des résultats détaillés de chaque parti et dans chaque circonscription, rendus publics par le ministère de l’Intérieur, l’on ne peut que rester perplexe devant l’écart important qu’il y a parfois entre le nombre de sièges obtenus et les suffrages exprimés. En fait, avoir un nombre X de voix ne veut pas systématiquement dire que l’on a gagné un ticket d’entrée à la Chambre des Représentants.

Tout dépend en fait de la taille de la circonscription, de sa démographie, mais aussi de sa territorialité. De nombreuses circonscriptions sont en effet à cheval entre la ville et la campagne, d’autres sont exclusivement citadines, d’autres encore comptent un bout de ville en plus d’un grand espace rural.

Autre particularité décriée: le découpage électoral. Les architectes du découpage ont tenu compte de la population globale pour délimiter le nombre de circonscriptions. Ainsi, à titre d’exemple, l’on a retenu la règle de 1 siège pour 100.000 individus, qui ne sont pas tous des électeurs. Le bon sens dicterait plutôt une attribution des sièges en fonction du nombre de personnes inscrites sur les listes électorales.
Instauré depuis 2002 pour justement freiner «l’élan» des notabilités à l’occasion de chaque échéance électorale, le scrutin proportionnel au plus fort reste a montré tout de même certaines limites le 7 septembre. Il a notamment favorisé l’effritement du champ politique sans pour autant contrer la montée de notables.

La nouvelle cartographie politique n’a guère dégagé de pôles suffisamment forts, cohérents et numériquement importants pour instaurer un équilibre et une majorité homogène. En d’autres termes, une majorité, de gauche ou de droite, qui n’aurait nullement besoin de recourir aux alliances. Celles-ci sont, de l’avis d’observateurs de la scène politique nationale, le plus souvent motivées par de simples calculs ponctuels, voire une course aux portefeuilles ministériels.
En attendant, l’on doit se contenter d’un champ politique disparate, voire balkanisé. En effet, sur les 33 formations politiques qui avaient présenté des listes, 12 partis n’ont obtenu aucun siège dans la future Chambre des Représentants. Pourtant, certains ont pu récolter près de 50.000 voix sans pour autant disposer ne serait-ce que d’un siège. Les exemples ne manquent pas. C’est le cas notamment du Parti de la Réforme et du Développement (PRD) qui a recueilli 47.141 voix contre zéro siège. Ce fut aussi le cas pour le PML (Parti marocain libéral) de Me Zyane avec 46.526 voix, ou encore le PDI (parti démocratique et de l’Indépendance) qui a obtenu 31.105 voix... sans contrepartie.

Par ailleurs, les candidats SAP ont été 5 à franchir le cap vers l’hémicycle. Ils ont obtenu 81.364 voix! (voir encadré)
Sur l’ensemble des partis ayant pris part au scrutin, les 6 premiers ont raflé quelque 243 sièges, soit 74%. A l’opposé, 18 partis se partagent 79 sièges seulement.

Concernant la liste nationale, les 30 sièges réservés aux femmes ont été remportés également par seulement 6 formations politiques. Pourtant, au total, 26 listes étaient en lice. Là encore, hormis le PPS, l’on retrouve les mêmes partis de tête que ceux des listes locales (PI, PJD, RNI, MP, USFP).

Le trio de Rhamna
La liste SAP de Fouad Ali-Al Himma «intrigue» ! D’abord, elle a été la seule liste au niveau national dont les 3 candidats ont remporté les 3 sièges de la circonscription des Rhamna (Ali Al Himma, Hamid Narjiss et Fatiha Layadi). Ensuite, curieusement, Rhamna est l’une des rares circonscriptions où l’on a enregistré un taux de participation de plus de 40%. Enfin, et c’est le plus étonnant: dans une région rurale et à fort taux d’analphabétisme, le taux de bulletins nuls a été le plus bas à l’échelle nationale (soit 10%).

Pourtant, il a été de 21% à Tanger-Tétouan et à Rabat, 22% à Fès-Boulemane et bizarrement 28% dans le Grand Casablanca.

Source: L'Economiste

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