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Maroc: rajeunir les cadres, mailler le territoire, les clés du succès de l'Istiqlal

Les dirigeants nationalistes de l'Istiqlal assurent que leur parti a gagné les législatives du 7 septembre malgré ses 63 ans car il a su rajeunir ses hommes et ses idées.

"Les citoyens peuvent trouver dans l'Istiqlal aussi bien le patrimoine marocain que la modernité", assure son secrétaire général Abbas El-Fassi, 67 ans, qui a été élu de justesse à Larache (nord-ouest).

Pour le politologue Mohammed Darif, cette formation qui a dirigé la lutte pour l'indépendance du Maroc (1956), a bien su se placer entre les islamistes du Parti justice et développement (PJD) qu'il a battus d'une courte tête et les socialistes de l'USFP, qu'il a largement devancés.

"L'Istiqlal joue sur le référentiel des islamistes du Parti de la justice et du développement et sur la justice sociale de l'USFP, son principal allié gouvernemental", explique-t-il.

Avec 52 sièges, l'Istiqlal est arrivé en tête devant le PJD donné favori (46 sièges) tandis que l'USFP a reculé de la première à la cinquième place en perdant 12 sièges. Il est en position de former le gouvernement, si le roi désigne en son sein le futur Premier ministre, ce qui ne lui est pas arrivé depuis 1992.

Il est le seul parti à avoir des élus dans les 16 régions, y compris au Sahara occidental avec 5 députés sur 11 sièges à pourvoir. Ses progressions les plus spectaculaires sont intervenues à Meknès où il gagne 4 sièges et à Agadir, où il compte 5 députés contre un précédemment.

Le "parti de la balance", symbole électoral de l'Istiqlal, a connu de sérieux revers à Rabat (1 député contre 4 en 2002) et à Kénitra (1 siège contre 4). A Marrakech, il a subi une déconfiture avec un élu pour six députés sortants, en raison "de fortes dissensions locales", selon un cadre du parti.

"Nous sommes très bien représentés partout au Maroc et nous pratiquons une vraie politique de proximité", explique Toufiq Hjira, ministre de l'Habitat et membre du parti.

Pour M. Darif, l'Istiqlal possède "une vrai machine électorale qui fonctionne à plein rendement lors du scrutin grâce à ses réseaux". Certains de ses adversaires malheureux l'accusent aussi d'avoir fait pencher la balance en pratiquant le clientélisme et même la corruption électorale.

L'Istiqlal a fait campagne sur le bilan de ses trois ministres plutôt que sur celui du gouvernement, estime Mohamed Tozi, professeur de sciences politiques à Casablanca.

Le vieux parti nationaliste détenait notamment les portefeuilles de l'Habitat, des Transports et du Tourisme qui sont de grands pourvoyeurs d'emploi, et dont les titulaires sont des quadragénaires.

"Si les 18-24 ans en veulent aux partis, ils pensent que les jeunes ministres ne mentent pas et sont efficaces", estime Noureddine Ayouch, président de l'Association Daba 2007, qui militait contre l'abstention.

"Nous n'avons pas fait appel aux sentiments des gens. Nous avons préféré parler chiffres et afficher le bilan de nos gros ministères tenus par des jeunes", explique un cadre de l'Istiqlal sous couvert de l'anonymat.

L'âge moyen des candidats était de 48 ans. 40% d'entre eux ont été élus pour la première fois. En outre, fait nouveau, 40% des membres des comités centraux et nationaux ont moins de 45 ans.

Dans un pays en pleine mutation économique, la stratégie électorale de l'Istiqlal a consisté à jouer sur la modernité technocratique tout en se gardant d'effrayer les conservateurs.

"Nous renouvelons nos programmes car les choses évoluent mais nos fondamentaux - l'islam de la modération et la monarchie constitutionnelle - ne changent pas", selon Abbas El Fassi.

Source: AFP

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