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Rancoeur envers les politiciens dans le bidonville de Sidi Moumen

A Casablanca, les quelque 500.000 personnes, soit 12% des Casablancais, qui vivent dans les 450 bidonvilles que compte la capitale économique du Maroc n'accordent aucune confiance aux partis politiques, à une semaine d'élections législatives très attendues.

"Ils n'ont rien fait pour moi, pourquoi ferais-je quelque chose pour eux", lance Elham Mabchour qui habite le bidonville de Douar Skouila d'où étaient originaires la majorité des kamikazes du printemps dernier.

A Douar Skouila, où les égouts s'écoulent à ciel ouvert, l'odeur est putride et les ordures nourrissent quelques animaux décharnés, les résidents sont sans illusion.

"Ils ignorent tout de nos problèmes", assure cette célibataire de 32 ans, sans emploi.

Douar Skouila, où vivent près de 6.400 familles, est le bidonville le plus important de Sidi Moumen, qui en compte quatre. C'est là qu'ont grandi la majorité des kamikazes qui se sont fait exploser le 11 mars et le 10 avril, comme les auteurs des attentats du 16 mai 2003.

"Tous les cinq ans, les partis promettent monts et merveilles mais une fois élus ils disparaissent sans rien faire pour nous", peste Kassim Hilam, 33 ans, qui vend des raisins sur sa charrette.

Adel Kelaï, chaudronnier de 28 ans, est certain que les jeunes s'abstiendront de voter: "Ils n'éprouvent que rancoeur envers les politiciens", dit-il.

Toutefois, le programme d'éradication des bidonvilles lancé par le roi semble progresser si on en juge par le nombre de masures détruites. Les autorités affirment avoir mis en chantier en trois ans 51.000 logements, dont 23.000 seront achevés fin 2007.

Dans cette circonscription regroupant les arrondissements de Sidi Moumen et Sidi Bernoussi, trois sièges sont à pourvoir et 18 listes cherchent à séduire les 240.000 électeurs.

Quelques habitants assurent qu'ils accompliront leur devoir électoral mais ignorent encore pour qui voter. "Si je constate que certains veulent nous aider je leur donnerai ma voix", assure Saïd Moumouh, chômeur de 60 ans.

Deux hommes âgés assis sur le sol d'une ruelle poussiéreuse confient que leurs suffrages iront au vieux parti nationaliste Istiqlal. "Ils ont fait beaucoup pour la nation", explique l'un.

Sur le pas de sa porte, Fatiha Byat, mère de six enfants, pense voter. "Des gens sont passés et m'ont dit des choses bien", assure-t-elle. Mais interrogée sur ce parti, elle sourit, gênée. "Je ne m'en souviens plus".

Même le député islamiste sortant du Parti de la Justice et du développement (PJD), Abdelkarim Lahouaichi, 47 ans, se heurte à l'incrédulité des habitants. "C'est la première fois que je le vois ici. Ils affirment être dans l'opposition mais que feront-ils s'ils sont au pouvoir?", se demande Fatiha, 40 ans.

"Il faut leur redonner confiance dans la politique car depuis 50 ans les partis ont tant promis sans jamais rien faire pour eux. Il faut leur ouvrir les volets de l'espoir", assure un militant islamiste Abdelsellam Merouar, ingénieur de 49 ans.

"Quant aux kamikazes, dès qu'on voit le premier bourgeon, il faut leur tendre la main, dialoguer avec eux, les encadrer car c'est quand ils se referment sur eux-mêmes qu'ils sont prêts à commettre l'irréparable", ajoute-t-il.

Les islamistes du PJD qui incitent à voter se heurtent au visage fermé de leurs concurrents d'Adl wal Ihsane (Justice et bienfaisance) qui jettent ostensiblement leurs tracts.

Cette association de tendance soufie, critique de la monarchie et favorable à un Etat islamiste, est tolérée. Disposant d'un fort potentiel militant, elle boycotte les élections.

Source: AFP

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