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Maroc-Etats-Unis : L’ambassadeur Riley au cœur de la polémique

L’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, Thomas Riley, a décidément passé une très mauvaise semaine. Sa décision de fermer provisoirement le consulat américain ainsi que les propos déplacés qu’il aurait tenus concernant le dossier du Sahara ont suscité une polémique qui n’est pas prête de retomber. La presse marocaine boude les Etats-Unis, les journaux algériens se délectent de la situation et Riley ne sait plus où se mettre.

A l’origine de toute cette excitation, un communiqué, qui annonce que le consulat est fermé pour des raisons de sécurité (explosions du 14 avril), mais surtout qui demande aux marocains désireux d’obtenir un visa de s’adresser aux consulats des pays voisins.

Le premier à réagir est le journal «l’Economiste» qui qualifie le geste des Etats-Unis de gifle. Même de la plus grave gifle que le gouvernement ait reçue. Il affirme dans son édito qu’une telle attitude «ne peut que faire croire que le Maroc vit de graves problèmes de sécurité au point que les Marocains devront se rendre dans les pays voisins pour demander un visa». Plus encore, le quotidien économique fustige et les Etats-Unis et le gouvernement marocain qui n’a pas protesté par rapport à cette attitude de mépris.
L’information est trop croustillante pour ne pas être rapidement reprise par les journaux algériens. Ainsi, le Maroc se fait poignarder dans le dos par son supposé allié et ami. «Liberté Algérie» affirme qu’«en position de faiblesse, le Maroc s’est donc abstenu de réagir officiellement, laissant le soin à ses relais de le faire pour montrer son mécontentement».

«Al Watan» interprète la fermeture provisoire du consulat comme un signe révélant que «l’insécurité s’installe dans la durée au Maroc». Le coup de grâce est donné par «le quotidien d’Oran». Le journal en question reprend l’information concernant les procédures de demandes de visas, mais en prenant le soin de titrer l’article: «Les Marocains viendront chercher le visa américain à Alger».

La confusion atteint son paroxysme. «El Païs» publie aujourd’hui mercredi un article sur le sujet, sous la plume d’Ignacio Cembrero. Le journaliste espagnol a également affirmé que les USA obligeaient les marocains à traiter leurs visas en Algérie.
Le raisonnement qu’il développe est simple. Le communiqué dit que les marocains doivent s’adresser aux pays voisins. Des voisins, le Maroc n’en a pas beaucoup. Pour l’Espagne, il faudrait d’abord un visa ; la Mauritanie est trop éloignée ; reste donc l’Algérie.
Demander aux Marocains d’aller en Algérie pour déposer des demandes de visa aurait été une provocation de taille, étant donné les relations tendues entre les deux pays et sachant en plus que les frontières terrestres sont fermées.

Les journaux algérien et espagnol n’ont peut-être pas vérifié l’information, pourtant disponible sur le site du consulat. Un communiqué, vraisemblablement daté du 3 mai (reste à savoir s’il a été modifié entre temps ou pas), affirme que par pays voisins, les Etats-Unis entendaient l’Espagne, la France, la Belgique, les Pays Bas, l’Italie, la Grande Bretagne, l’Allemagne et la Tunisie. L’Algérie a bel et bien été zappée. La polémique n’est donc pas fondée. Beaucoup de bruit pour rien. Selon «Al Bayane», Riley vient d’affirmer que la réouverture du consulat est imminente…

Cependant l’ambassadeur n’est pas prêt de dormir sur ses deux oreilles. Une autre polémique l’attend, encore une fois issue de la presse. «Annahar Al Maghribia» lui reproche d’avoir affirmé à la presse locale que le Conseil royal consultatif pour les affaires sahraouies (CORCAS) ne sera pas présent lors des négociations prévues entre le Maroc et le Front Polisario sous l'égide de l'ONU. Si ces allégations sont fondées, mettre le CORCAS de côté voudrait dire que les Etats-Unis reconnaissent le Polisario comme étant le seul représentant des sahraouis.

Ces affirmations seraient très graves, surtout dans la conjoncture actuelle. Mais il ne faut pas oublier que les dernières interventions de Riley sur le sujet reflétaient une tout autre position.
La presse a rapporté dernièrement des déclarations où l’ambassadeur disait que les Etats-Unis applaudissaient « l’effort et l’initiative » du Maroc, souhaitaient que tous les «voisins et amis» participent à un tel effort et s’engageaient à faciliter les négociations entres les parties concernées. Bref, son discours encensait le Maroc, ce qui n’avait pas manqué d’agacer la presse algérienne au passage.
Thomas Riley a déclaré hier mardi que ses propos sur le Sahara, relayés par la presse algérienne, avaient été déformés et qu’il reviendrait incessamment sur les propos qui lui ont été attribués.

Jusqu’à maintenant, aucun éclaircissement n’a été apporté sur le sujet. La presse, elle, est sur le pied de guerre. L’ambassadeur devra s’expliquer rapidement, s’il ne veut pas que la polémique enfle. Pour le moment, les officiels marocains sont restés silencieux suite à cette « gifle ». Tendront-ils l’autre joue ?

Salma Daki
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