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Nouvelles mesures antisécheresse au Maroc

Réuni hier, le comité interministériel chargé du dossier antisécheresse devait «faire le point sur l’évolution de l’actuelle saison agricole et se concerter sur les nouvelles dispositions à prendre dans le cadre du plan de lutte contre les effets de la sécheresse».

C’est du moins ce qu’a affirmé le ministre de l’Agriculture Mohand Laenser à l’Economiste. Informelle, la réunion devait préparer le terrain à l’exposé donné aujourd’hui par le ministre en Conseil de gouvernement. Au renforcement des deux axes «traditionnels» d’intervention de l’Etat, à savoir la sauvegarde du cheptel et l’approvisionnement en eau des régions et zones les plus affectées, s’ajoutera un programme spécifique d’importation des céréales. D’après Abdellatif Izem, directeur de la Fédération nationale des minotiers, le Maroc aura besoin d’importer quelque 40 millions de quintaux pour répondre à la demande du marché. Cela représente le double des quantités importées par le pays l’année dernière.

La filière est de loin la plus affectée par la rareté des précipitations enregistrées cette année. Aucun indicateur du déficit enregistré n’est disponible pour l’heure, la production locale ne pouvant être fixée qu’en juin prochain. «Bien que salvatrices pour les filières arboricoles et maraîchères, les dernières pluies ne compenseront pas les pertes en céréales. Elles peuvent même être néfastes vu que des germes pourraient naître dans les eaux de puits et qu’elles favoriseraient les mauvaises herbes», explique Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et pour le développement rural. L’impact sur la qualité de la production sera donc négatif. Les opérateurs devront se contenter de la régénérescence des ressources hydrauliques si les précipitations continuent.

En l’absence d’un traitement de fond de la question agricole, certains opérateurs ne s’attendent plus à rien. C’est le cas au sein de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL). «L’Etat se contente pour l’heure de distribuer un peu d’argent qu’il s’empresse de récupérer par le biais des droits de douane sur les importations», commente une source au sein de cette association. Les professionnels appellent à un plan Emergence pour le secteur qui saurait pallier les dysfonctionnements structurels de l’agriculture. «Cela doit se faire avec ce gouvernement, dans le cadre d’un programme et un calendrier précis. La reconversion de certaines surfaces agricoles vers l’olivier nous paraît un bon début. Mais cette initiative gagne à être généralisée, aussi bien sur l’espace que sur les filières», dit Ouayach.

Priorités
Dans les rangs des professionnels, d’aucuns ne jurent que par l’impératif de réformer, d’abord, la filière céréalière. «Il faut éviter le cauchemar de l’année dernière où les appels d’offres imposés par le ministère pour la commercialisation des céréales se sont traduits par une chute des prix. La logique d’appel d’offres doit être intégrée à une réforme plus globale de toute la filière, y compris la farine nationale», dit-on au sein de la Comader. Côté FNCL, la suppression des subventions à la farine est avancée comme étant une priorité absolue. «En plus de ne pas atteindre sa cible, cette politique coûte cher. Le gouvernement ferait mieux d’orienter ces aides directement vers l’agriculteur», affirme la fédération. Autre préoccupation, la prochaine campagne agricole. Celle-ci doit être tracée dès maintenant, indique Ouayach. Et pour cause, son démarrage coïncide avec la tenue des élections.

Tarik Qattab
L'Economiste

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