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Le jeu des alliances des partis politiques marocains en vue des législatives de 2007

Ca y est ! C’est parti ! Les 33 millions de Marocains connaissent la date du prochain scrutin législatif. Ministère de l’Intérieur, gouvernement et partis politiques ont accordé leurs violons pour que le consensus général se fasse sur la date du 7 septembre 2007.

Après moults échanges, débats intra-muros car la classe politique se montrait divisée sur le «timing», les partis de la Koutla (Istiqlal, USFP, PPS) et le MP souhaitaient la tenue des élections le 6 juillet alors que le RNI, le PJD,… penchaient pour le début du mois de septembre. Le «verdict» est tombé et le choix s’est porté sur le 7 septembre prochain.

Depuis, c’est le découpage électoral qui suscite critiques, requêtes et prises de positions, avec le camp du «pour » et celui du « contre» la nouvelle carte administrative et politique. Ainsi, le principal parti d’opposition nationale, le PJD, déplore la nouvelle mouture et dénonce «un plan anti-PJD», qui viserait à réduire ses chances de remporter un maximum de circonscriptions. Il est connu de tous que par définition, un découpage électoral est un instrument politique à des fins électoralistes, et que, dans tous les pays du monde, les formations politiques d’opposition s’opposent systématiquement à toute nouvelle cartographie, dictée par les ministères de l’Intérieur. En clair, le Maroc n’échappe pas à cette «règle» universelle ! Pour ou contre, le débat est légitime, mais il ne doit pas être la principale préoccupation des partis politiques. En effet, il est temps pour chaque courant de pensée de présenter son «offre-programme», au travers de propositions concrètes et réalistes, quant à la conduite et la gestion politique du pays. En aucun cas, il ne doit servir d’alibi ou de prétextes pour nos dirigeants car un des enjeux majeurs de l’échéance 2007, c’est la crédibilisation de l’action politique et la signature d’un «contrat-confiance» passé avec la société. Est-il bon de rappeler le rôle et la responsabilité des donneurs d’ordres? Lutter contre les extrêmes avec efficacité et dans les règles de l’art, c’est avant tout, donner et véhiculer l’exemplarité via une philosophie et une programmatique politique, en adéquation avec les réalités du pays, dans l’action (politique) menée et non au travers de discours fleuves voire caressant la démagogie aussi scandaleuse que dangereuse, pour l’instauration d’une démocratie durable.

Partenariat stratégique ou relations «de survie»
Que penser, déduire, des alliances «officieuses» négociées en coulisses ? On parle du trio PJD, Forces Citoyennes (FC) et de l’Alliance des Libertés (ADL), qui pourrait «grossir» avec l’arrivée de l’Union Constitutionnelle (UC), au regard de la récente déclaration de Mohamed Abied, fraîchement réélu Secrétaire général. «Avec le PJD, nous partageons un certain nombre d’options et d’objectifs, mais il nous arrive de ne pas être d’accord sur d’autres choses», a-t-il récemment déclaré. En soi, cette situation n’est pas contraire au jeu démocratique, propre à la vie politique, cependant ce scénario peut interpeller. D’une part, il peut paraître surprenant car les hommes qui dirigent ces partis ne semblent pas avoir la même vision du Maroc, ou alors, ils cachent bien leur jeu. Leur soif de pouvoir, la course à la légitimité, l’opportunisme ou encore un certain esprit revanchard sont-ils autant de «raisons», de motivations, pour accepter de signer un «partenariat stratégique», comme l’a déclaré le Secrétaire général de FC, Abderrahim Lhajouji, en arguant «que des valeurs communes nous unissent comme l’approche libérale de l’économie». Cela peut paraître un peu «short» pour convaincre ! D’autre part, pourquoi ces hommes de bonne éducation, réclamant l’exercice de responsabilités auprès du peuple, ont-ils du mal à «assumer» leur choix ? Que craignent-ils, tant ? Entendent-ils s’illustrer, peser, auprès du pouvoir central qui n’a pas (encore) véritablement tranché sur la question. L’ambiguïté qui transpire laisse donc songeur et perplexe.

Se prêter au jeu des alliances exige clarté et éclaircissement sur le positionnement politique et sur les orientations prises, et non adopter la politique de la chaise vide avec un silence radio comme «décret d’application» et plateforme de communication avec l’extérieur. Dans ce cas précis, cela donne lieu à des déductions et à des interprétations qui, parfois, peuvent «faire froid dans le dos». Etre « pro-PJD» ou pas, telle n’est pas la question, l’essentiel résulte dans la transparence des liens entre les différentes composantes, sur la nature idéologique qui les «unit» et dans la notion de responsabilité devant les choix afin d’apporter de la lumière aux électeurs qui, ainsi, pourront porter leur bulletin de vote en toute âme et conscience.

Rachid Hallaouy
Source: La Nouvelle Tribune

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