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20 Août 1953 raconté par le journal le Monde de 1956

« Le Sultan sortit grandi du complot »
Voici un résumé de l’article que le journal « Le Monde » a publié dans l’une de ses éditions de l’année 1956 et dans lequel il remonte le fil de l’Histoire pour rappeler les événements de 1953 et la lutte que le Souverain et le Peuple ont menée comme un seul homme pour que le Maroc soit libéré du joug du colonialisme.

Le journal « Le Monde » rappelle l’événement en remontant heure par heure les faits de la journée du 20 août 1953 et en analysant les décisions prises par les autorités coloniales à l’époque et leur lendemain jusqu’à l’indépendance du Maroc.

Voici ce qu’écrit « Le Monde » :

« Jeudi 20 août 1953, 13 h 45 : des engins blindés prennent position autour du Méchouar, grande enceinte abritant le Palais Royal, où habitent le Sultan Mohammed Ben Youssef, ses serviteurs et ses gens de maison. Trois chars stationnent devant la porte par où va pénétrer le résident général, 14 heures : arrivée du général Guillaume dont la voiture est suivie d’une limousine noire vide. Le Sultan refusant d’abdiquer, il lui annonce sèchement que le maintien de l’ordre dans le pays impose son éloignement immédiat et celui de ses deux fils, dont le Prince Héritier Moulay Hassan.

« 14 h 20 : Le Souverain quitte le Méchouar dans la limousine noire, escorté par huit cars de police. Le cortège se rend à l’aéroport militaire. Quelques minutes plus tard, un avion décolle avec la suite Royale. Il atterrira à 22 h 07 à l’aérodrome de Compo Del Oro, en Corse. C’est ainsi que le Souverain sera ensuite exilé à Madagascar.

« 21 heures : Le résident général, au cours d’une conférence de presse fertile en contre-variétés, explique que le Sultan était devenu anti-français ». Aucune coopération franche n’était plus possible avec lui. Il a lié son sort à celui des nationalistes extrémistes de l’Istiqlal. « Et d’ajouter ce jugement dont le ridicule éclate plus encore trente ans après : « Je ne dis pas que l’Istiqlal est communiste, mais il est calqué sur le régime bolchevique » ;

« Né en 1909, monté sur le Trône le 18 novembre 1927, Mohamed V est un Souverain éclairé qui a toujours donné des témoignages de son attachement à la France, en particulier aux heures décisives de la seconde guerre mondiale. Le 6 septembre 1939, il avait dit : « Nous seront aux côtés de la France de tous Nos cœurs et Nous lui apporterons, sans restriction aucune, le concours le plus complet de nos moyens ». Il tint parole et De Gaulle le fera Compagnon de la Libération.

« Mais Sidi Mohammed est aussi un patriote et un homme de caractère, qui émet des réserves sur les méthodes de l’administration du protectorat lorsque après le départ de Lyautey dont il avait apprécié l’œuvre intelligente, elle essaya d’empiéter sur la souveraineté du Maroc. Et Dieu sait si le système laissait au Sultan une marge de manœuvre réduite : Il n’avait pas l’initiative des lois, mais l’apposition de son sceau sur les dahirs (lois) proposés par le résident était nécessaire à leur promulgation.

« Les peuples de protectorats français qui ont participé à la guerre contre le nazisme aspirent, à leur tour, à l’indépendance ». Le 11 janvier 1944, le parti jeune marocain (Istiqlal) dépose au Palais Impérial et à la résidence un manifeste dans ce sens. Le Sultan calme les esprits, mais trois mois plus tard, annonce le rattachement du Maroc à la Ligue Arabe. Les colons français s’inquiètent et s’agitent.

« Contrairement aux vues de Lyautey, la défiance envers les sociétés indigènes atteint un degré pathologique et, pour tenir le pays en main, la résidence régissait tout avec un tel débordement de décrets qu’un humoriste put rallier son « dahirium tremens », écrit Charles-André Julien.

« L’engrenage de la déposition du Sultan est enclenché avec la nomination du général Alphonse Juin (14 mai 1947) en remplacement d’Eirik Labonne, personnalité de premier plan, méconnue et de Paris et des nationalistes marocains. D’origine modeste, entré par mariage dans la bourgeoisie d’Algérie, qui méprise les indigènes, le nouveau résident tient dans ce trait : pour sa première entrevue avec le Roi, il se présente « chaussée de bottes et d’éperons ».

On ne peut imaginer personnalité plus opposée à la fois à Lyautey - qu’il ne cesse pourtant d’invoquer - et au Sultan...

« Le 16 novembre 1955 : le Sultan regagne triomphalement Rabat, après huit cent seize jours d’exil, et prend le titre de Mohammed V, Roi du Maroc. le 3 mars 1956, la France reconnaîtra l’indépendance du Maroc ».

Source: L'Opinion

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