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Rachid Santaki : Le style c’est son kiff

Rachid Santaki est un franco-marocain qui a de la suite dans les idées. En parallèle de son activité au sein de la fonction publique, il a lancé en 2001 un magazine gratuit consacré à l’actualité et la culture Hip-hop. Baptisé 5styles il est tiré à 30 000 exemplaires chaque mois et est distribué dans les FNAC, Made In Sport et magasins de Street Wear. Parcours d’un passionné…

Rachid si vous deviez présentez en quelques mots.
Rachid Santaki, 31 ans. Fondateur, et rédacteur en Chef de la revue « 5styles ». J’habite La Courneuve en banlieue parisienne, je suis originaire de Marrakech. J’ai un baccalauréat professionnel en comptabilité.

Vous avez passer 5 ans au Maroc lors de votre enfance. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’est quelque chose qui m’a marqué et qui me donne ce lien « magique » avec le Maroc. Je suis de Marrakech, et j’ai été élevé par ma grand mère paternelle(Allah Ya rhama) à Bab Doukala, près de la médina. J’en garde d’excellents souvenirs, puis je revois tous mes voisins de l’époque quand j’ai l’occasion de descendre au Maroc. Je ne vais pas faire une rétrospective mais j’ai de bons souvenirs et surtout en tête le bonheur que pouvait nous procurer le simple fait de déguster un verre de lait avec de la grenadine au « Hanote », ou celui de jouer au foot avec un ballon en papier.

Pouvez vous présenter aux Internautes le magazine 5styles ?
C’est une revue gratuite de 40 pages, qui est diffusé en France dans les enseignes Fnac, Made In Sport, les boutiques de Street Wear. La diffusion s’est élargie aujourd’hui en Suisse, Belgique et dans les DOM TOM.

Souvent les gens se demandent pour quelles raisons le magazine est gratuit, et pensent que par la suite il va devenir payant. Le concept de 5styles est de se démarquer, il faut savoir qu’il existe une dizaine de magazine dans le même domaine que le nôtre mais qu’ils sont payants. Je ne vois pas l’intérêt d’arriver avec un magazine payant sachant que les espaces publicitaires nous permettent de faire vivre la structure et de dégager d’importants bénéfices.

5Styles a su devenir une référence dans le monde de la presse hip-hop. Décrivez nous un peu le parcours de cette passion devenue un projet professionnel.
C’est une longue histoire ! En 2001, un ami d’enfance, DJ dans le milieu du hip hop m’a proposé de m’associer avec lui pour fonder un site Internet lié à la culture hip hop. Le nom de domaine très porteur nous a permis d’introduire en qualité d’associé une marque de vêtement, qui a acheté quelques parts sociales pour un montant assez important : 200 000 Francs. Cette somme destinée a fonctionner durant un an, n’a pas tenu plus d’un mois suite à une mauvaise gestion du capital. Après avoir été déçu par ce projet, et la réaction humaine de mon ami face à l’argent, j’ai décidé de monter mon propre projet.

5styles contrairement à ma précédente expérience ne se cantonne pas uniquement au hip hop. On a volontairement intitulé ce projet « 5styles l’actualité des styles urbains » pour éviter de le réduire au hip hop, et de développer d’autres sujets liés au sport, cinéma, à la mode d’ailleurs le concept est une couverture avec une personnalité de la musique ou du sport et une rubrique « l’invité du mois ». La rubrique a permis d’élargir notre public, on a reçu entre autres : Michel Denisot, Marc-Olivier Fogiel, Sonia Rolland, Luis Fernandez, Omar et Fred, Cauet ou encore Noémie Lenoir…

5Styles aujourd’hui c’est une entreprise. Comment arrivez-vous à concilier votre emploi salarié et la gestion assez lourde d’un magazine mensuel ?
Je suis salarié dans la fonction publique, je travaille une semaine sur deux. Cela me permet de concilier le développement de mon projet. 5Styles c’est une entreprise depuis mai 2003, une SARL de presse. Je tenais à préciser que c’est avant tout une équipe : Fred Klock qui fourni un énorme travail, c’est lui qui se charge de la conception graphique du magazine. Fabrice Allouche, gère le côté communication, stratégie. Adnen et Sarah, s’occupent du rédactionnel. Notre site Internet est géré par Arnaud. J’ai également des amis qui m’aide énormément comme Steve. 5styles :c’est avant le résultat d’un travail équipe.

J’ai fait le choix de concilier en parallèle mon activité professionnelle pour dégager toute pression, je développe ce projet sereinement, à la limite comme un loisir.
Il est vrai que mes journées sont assez longues, elle commencent à 07h00 et finissent très tard …Mais la motivation, et l’ambition me permettent de travailler avec acharnement.

Le Chiffre d’Affaire de l’entreprise me permet aujourd’hui d’être salarié, c’est la raison pour laquelle je vais prochainement quitter la fonction publique. Les fonds que nous avons économisé grâce à mon activité salariale en parallèle à 5styles nous ont permis de réaliser des opérations comme celle que nous avons fait dans le métro parisien, 200 affiches sur une période de 3 semaines et qui a développé l’image de 5styles. Une telle opération a eu un coût de 45 000 Euros. Pour un magazine gratuit de notre envergure, cela n’a jamais été fait. Nous avons également fait un partenariat avec la chaîne Canal +, qui a fait apparaître notre logo lors d’évènements sportifs comme la finale de boxe du grand tournoi.

Vous nous disiez avoir rencontré beaucoup de marocains dans le milieu de la musique, du cinéma ou des médias en général…
Oui, j’ai rencontré Said Taghmaoui, qui développe sa carrière d’acteur aux Etats Unis. DJ Abdel a fait la couverture du magazine au mois de juillet 2004, Sayd Des Mureaux un producteur de rap, ou plus récemment la chanteuse Wallen. Tous ces artistes sont très attachés au Maroc, et lors de nos entretiens cela nous a permis de nouer des liens.

Quelle est votre relation aujourd’hui avec le Maroc ?
Ma relation avec le Maroc est familiale, et c’est également un lieu ou je me ressource dès que je le peux. Je vais chaque année au Maroc, mais j’avoue qu’avec 5styles cela devient de plus en plus difficile, je ne suis pas parti au Maroc depuis 2002. J’ai réussi à me libérer en février dernier pour 5 jours et ça m’a vraiment apporté quelque chose. C’était lors de l’Aîd El Kebir. En même temps, à chaque voyage au Maroc, on voit la difficulté et la pauvreté, c’est quelque chose qui me touche à chaque fois. Quand on voit les conditions de vies, et les gens qui sont à la rue, on peut dire que notre situation est très confortable. Quand je me rend en vacances, je suis en famille, j’en profite pour faire des excursions dans le désert, visiter les monuments, c’est quelque chose de très fort ! J’apprécie la simplicité des marocains, de par mon travail, je suis confronté à un monde très artificiel où le matériel est mis en avant, là bas c’est l’inverse on peut passer une soirée assis avec des amis sur une terrasse à boire un thé ou un café au lait. J’ai d’ailleurs un projet lié au Maroc pour l’été 2005.

… Justement pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
Oui, pour déjà servir une cause et avoir une approche avec le Maroc lié à mon travail, j’ai décidé de lancer pour cet été un « hors série » 5styles Spécial Maroc qui sera diffusé par le biais d’une compagnie aérienne, et de réseaux fréquentés par les RME. On retrouvera donc des personnalités marocaines comme Hicham El Guerrouj, Wallen, DJ Abdel, Jamel Debouzze, Saïd Taghmaoui, Ness et bien d’autres.

J’ai décidé de reverser les bénéfices des ventes d’espaces publicitaires à une association. J’essaie de rentrer en contact avec l’association UNISOLEIL qui est originaire de la même commune que moi en France (La Courneuve). J’ai sincèrement apprécié leur action, puisqu’ils ont construit une école dans le village d’Aoulouz. Le but sera d’acheter des équipements et du matériel scolaire pour les élèves de cette école.

Quels sont vos projets à venir ?
J’ai pas mal de projets en cours, nous sommes en train de viser une diffusion dans une chaîne d’hypermarchés d’ici le printemps 2005. la diffusion du magazine passera de 30 000 à 100 000 exemplaires. C’est pour cette raison que je suis en pleine promotion pour le magazine dans différents médias : Journal de Saint Denis, Seine Saint Denis Magazine, La revue de La Courneuve, Le Parisien, et également TF1 qui va réaliser un sujet sur 5styles dans son JT de 20h00.

Nous sommes actuellement en train de conclure un partenariat avec le moteur de recherche LYCOS pour leur fournir du contenu dans les rubriques people et sport. En contre partie, 5styles aura une importante visibilité sous forme de bannière sur tout leur réseau, LYCOS, CARAMAIL.

Une compilation de rap français intitulé « 5styles : Le projet » sera commercialisé en mai 2005, on pourra retrouver les plus grands artistes français : Rim-K du 113, Kool Shen, Oxmo Puccino, Sté, Wallen, Soprano et bien d’autres. Il y aura également un DVD inclus dans cette compilation ou l’on retrouvera un « making of » et un reportage de la revue. Avec le témoignages vis-à-vis des médias et de la revue de différentes personnalités que nous avons rencontrer.

Le mot de la fin :
Sans jouer les moralisateurs : je vais conclure en précisant qu’il est important de garder ses racines, ne pas oublier d’où l’on vient (j’ai vraiment pas oublier les sensations des yahourts Raibi Jamila ou de la limonade La Cigogne) mais le métissage, l’échange et la tolérance permettent de nous enrichir. Je suis très attaché au Maroc, et je suis pourtant ouvert à d’autres cultures, par mon équipe, ce qui m’a permis d’avancer.

Contact : [email protected]
Site Internet : www.5styles.com

Mohamed - Yabiladi.com

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