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Représentativité politique : la Belgique à l'avant garde

Politique : Moustapha boudchich « ce n’est pas la Belgique qui est en avance, c’est la France qui est en retard »

La présence marocaine en Belgique fête cette année son quarantième anniversaire. Cette présence se caractérise par une vitalité sociale extraordinaire, le belgo-marocain a en effet investi toute la société civile.
Bien sûr, la Belgique n’échappe pas aux « lois » de la discrimination
dont l’Europe est un théâtre privilégié depuis que l’immigration existe.
Mais le surinvestissement du champ politique belge par des citoyens issus de l’immigration, la récente évolution concernant le vote des résidents non communautaires font de ce petit pays un exemple à suivre, notamment pour les voisins français qui passent souvent pour « donneurs de leçon » aux belges. La question que beaucoup de citoyens français « issus de l’immigration » se posent c’est pourquoi ? pourquoi La France résiste tant ? est ce le système électoral ? est ce la puissance de l’extrême droite qui fait peur aux partis « républicains » ? est ce la vitalité de l’immigration belge qui a fait sauter les verrous ? ou la conjugaison de tous ces facteurs. Nous avons tenté d’en savoir plus sur le cas belge en posant quelques questions à un militant Belgo-marocain, candidat aux élections du 13 juin sur la liste du parti socialiste belge.

Yabiladi: Qui est Moustapha BUDCHICH?
Moustapha BUDCHICH : C'est un jeune bruxellois de 25 ans qui s'est dit que la meilleure chose à faire pour contribuer activement au changement au sens large c’était de s'engager. Dans mes études en sciences sociales d'abord puis dans une association antiraciste avant de devenir candidat sur la liste bruxelloise du PS Belge.

Le paysage politique belge est relativement "cosmopolite", quels sont les facteurs clés de cette "réussite" surtout à côté d'une France qui apparaît, à plus d'un titre, conservatrice sur cette question?
Je ne sais pas si on peux parler de « réussite » particulière. ce qui aujourd'hui différencie la réalité française de celle que nous connaissons en Belgique tient plus au particularisme institutionnel belge qui permet à un candidat d'être potentiellement élu quelle que soit sa place sur la liste d'un parti politique... Ceci étant, je pense aussi que ce n'est pas tant la Belgique qui est en avance, que le « retard » des partis politiques français, avec des exceptions heureuses cependant, qui rechignent à placer des candidats d'origines étrangère à des places électives pour ne pas « froisser », comme on dit pudiquement, leur électorat « traditionnel ».

Comment avez vous vécu le débat sur la laïcité en France? Il semble que l' « instrumentalisation » de ce débat n'a pas eu lieu en Belgique, est-ce encore ce rapport de force « favorable » qui a pesé sur les médias et les politiques?
Le débat sur la question du voile, que l'on a rebaptisé « débat sur la laïcité », je l'ai perçu personnellement comme stigmatisant vis-à-vis de la communauté musulmane de France. De nombreux « arguments » islamophobes se sont déverser quotidiennement dans les médias français avec une intensité extraordinaire. Une instrumentalisation de cet ordre ne pourrait avoir lieu en Belgique francophone sans susciter de nombreuses contradictions d'abord parce que la Belgique n'est pas un pays laïque et puis parce que ce pays a
toujours résolu ses difficultés par le compromis. Une pratique du compromis dont la France aurait bien besoin.

"Rendre Bruxelles plus juste", c'est votre credo, quels sont les leviers qui restent encore aux politiques dès lors que les marchés financiers réduisent leurs marges de manœuvre?
En Belgique, le 13 juin prochain, on assistera à deux votes : à celui du parlement européen avec les 24 autres états membres, et puis à un scrutin régional. La Belgique est un petit pays assez particulier. C'est en effet un pays fédéral, cela veut dire que l'Etat central a délégué de nombreuses compétences aux régions. Pour vous donner un exemple concret, la Région de Bruxelles est compétente en matière de logement, urbanisme, emploi, transports publics, économie, enseignement, environnement, et la liste est encore longue. Ces compétences sont clairement exercées par un gouvernement et un parlement bruxellois.

Vous dites sur votre site "la Star que je préfère c'est ma Mère", c'est votre façon de rendre hommage à la première génération?
En effet, c'est rendre un hommage à la génération de mes parents qui ont laissé leurs vies, leurs familles, leur pays pour permettre à leurs enfants de connaître un avenir meilleur. En cette 40ème année de présence des marocains en Belgique, c'est le minimum que l'on pouvait faire.


Contact :
mail : [email protected]
site web : http://www.budchich.be

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