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Elections régionales:Zine-Eddine MJATI, un rouge devenu vert

Lors du premier tour des élections régionales dimanche dernier, la gauche a retrouvé le sourire après la déroute du 21 avril 2002. La leçon du naufrage semble être comprise par les électeurs de la gauche, ils ont majoritairement privilégié le vote "utile", l'extrême gauche en a payé le prix fort. Le couple Arlette- Olivier Besancenot n'a pas séduit les foules. Les communistes ont gagné leur pari, les sondages prédisaient la disparition du PC lors de ces élections, il en sort renforcé avec un score honorable (7.5%), ce qui lui permet de mieux négocier son union avec le PS et les verts pour le second tour. De leur côté les verts ont choisi l'union dès le premier tour, la bonne synergie entre les verts et le PS en île de France semble être la raison de cette union. Beaucoup de français issus de l'immigration approuvent les prises de position des verts sur les questions polémiques que connaît le débat français ces dernières années (conflit du proche orient, Islam de France, l'immigration...)
Mais l'alliance avec le PS a quelque peu brouillé le message, pour en savoir plus, nous avons posé quelques questions à Zine-Eddine MJATI, candidat vert aux élections régionales sur la liste de la gauche conduite par jean Paul HUCHON.


YABILADI: Pouvez vous vous présentez à nos visiteurs

Zine-Eddine MJATI : Je m'appelle Zine-Eddine MJATI j'ai 46 ans.Je suis natif de Casablanca au Maroc. Je suis fonctionnaire de la Ville de Paris.
Mon parcours politique a commencé au Maroc. Alors collégien, j'ai lutté contre l'interdiction faite par le pouvoir au syndicat national des lycéens. Cette lutte va se poursuivre jusqu'au lycée où j'ai rejoins les rangs de la jeunesse ITIHADIA (USFP) que j'ai quitté pour rejoindre les luttes politiques clandestines.
J'ai dû quitter le Maroc tout de suite après le soulèvement populaire du 21 juin 1981.

Arrivé en France, j'ai intégré l'UNEM (Union Nationale des Etudiants du Maroc) et j'ai continué en parallèle ma lutte politique clandestine contre le pouvoir en place, pour une réelle démocratie pour le peuple Marocain et pour un Etat de droit.
J'étais l'un des compagnons de Abraham SERFATY tout au long de son séjour en France.


YABILADI: Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à rejoindre les verts?

Elles sont multiples.
Tout d'abord j'ai pris conscience que le Marxisme-Léninisme ne pouvait pas répondre à toutes les problématiques posées à la société Humaine dans sa totalité.
En effet, il manquait et manque toujours cette dimension du rapport de l'Homme à son environnement, que les réponses données par cette idéologie ne s'intéressaient à l'Homme uniquement en tant que producteur. Or la société Humaine dépasse largement la dimension productiviste, contrairement à l'Ecologie politique qui elle, s'intéressait et s'intéresse à l'Homme en tant membre d'un vaste organisme qui s'appelle la TERRE.
Les Verts est le seul Parti Politique en France qui a fondé son programme autour de cette problématique.


YABILADI: Cette année nous avons connu un débat autour de la "représentativité" des français issus de l'immigration, pensez vous que les verts sont un bon exemple en la matière?

Je ne pense pas qu'il puisse exister un parti politique en France qui soit un exemple en la matière. En effet, les partis politiques français n'ont pas encore très bien intégré les français issus de l'immigration...
Pour cela plusieurs raisons qu'il sera trop long à expliciter ici.
Mais je dirai pour essayer d'être bref, qu'ils n'ont pas encore sorti de cette mentalité d'ancien colonisateur...
Mais les Verts notamment depuis le motion que j'ai initié et qui s'appelait " Pour une France ARC EN CIEL" ont pris conscience de la gravité de la chose et je suis persuadé que des évolutions très importantes auront lieu très bientôt.

YABILADI: Des listes communautaires vont être de plus en plus nombreuses face la résistance des partis, ne pensez vous pas que c'est une manière d'obliger les partis à s'ouvrir d'avantage?

Je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen. En effet, si la question de la représentativité de cette population se pose réellement, il en reste pas moins qu'on est d'abord des français à part entière. Le communautarisme n'a jamais rien réglé et ne réglera jamais rien. La seule réponse crédible, c'est de se donner les moyens de réellement peser dans nos différents partis, pour que nos revendications soient entendues. Les français issus de l'immigration sont comme tous les autres à savoir des écologistes pour certains, des socialistes, des communistes et même des libéraux pour d'autres. Nous sommes traversés par les mêmes débats qui occupent la société française. Nous ne pouvons nous réduire uniquement à notre condition de français issus de l'immigration, car cette étiquette est amenée disparaître et doit de toute façon disparaître.

YABILADI: Les verts ont choisi une liste d'union avec le PS, vous faites partie de cette liste, beaucoup d'électeurs des "cités" tournent le dos au PS, ne risquez vous pas de faire les frais de l'image du PS auprès des français issus de l'immigration en particulier?

Nous devons expliquer à ces jeunes que premièrement : aller s'inscrire sur les listes électorales est devenu pour nous une chose vitale, mieux encore, aller voter est un acte d'existence pour notre futur en France, Nous avons un devoir de les faire participer à la vie de la Cité.
Que ces jeunes aient "une dent" contre le PS, il y a de quoi. Je ne peux malheureusement pas développer dans ce court échange, mais l'essentiel, c'est de prendre conscience de l'importance de la participation à la vie publique française. Quant aux Verts, je pense qu'ils commencent à bénéficier des fruits de la campagne des Présidentielle faite par Noêl MAMERE et qui s'est adressé à ces jeunes sans langue de bois et qui a été très attentifs à leurs revendications...

YABILADI: Comme vous le savez, les élections régionales ne mobilisent pas les électeurs, qu'avez vous envie de dire à tous ceux qui considèrent que la gauche et la droite c'est du "Kif Kif"?

On ne peut pas être aveugle au point de confondre la gauche avec la droite. Cela vient d'un discours assez extrémiste que d'ailleurs les électeurs ont fortement sanctionné lors du premier tour des régionales. Quand on voit la politique de casse sociale que pratique le gouvernement Raffarin, on ne peut pas se permettre ce genre de raccourcis. Pour s'en convaincre, ils suffit de comparer les réalisations du gouvernement Jospin avec celles de la droite actuellement au pouvoir...

YABILADI: Un dernier mot?

Je souhaite tout simplement que nous , français issus de l'immigration, prenons conscience assez fortement que nous avons de la chance de vivre dans un pays démocratique, et que l'enjeu démocratique en vaut la peine, qu'il faut se mobiliser pour participer à la vie de la cité, pour ne laisser à aucun le soin de décider à notre place. Je souhaite que tous les citoyens de France quelques soient leurs nationalités puissent bénéficier de l'un des droits qui m'est cher, à savoir le droit de vote, et qu'ils puissent en user et abuser. C'est le devoir de tout citoyen


Rachid - Yabiladi

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