Menu

L'immigration dope l'Espagne

L'immigration a récemment provoqué des tensions entre l'Espagne et plusieurs autres membres de l'Union européenne qui lui ont reproché d'avoir créé un "effet d'appel" en régularisant, en 2005, près de 600 000 travailleurs sans papiers. Mais en dépit des remontrances et malgré un engagement à ne plus procéder à des régularisations collectives, Madrid maintient un discours favorable à l'immigration.


Entre une Espagne en pleine croissance et des partenaires moins dynamiques, les besoins ne sont à l'évidence pas les mêmes. Le principal conseiller économique de José Luis Rodriguez Zapatero vient de mettre en chiffres les données de cette controverse. Des chiffres éloquents : pour l'économie espagnole, l'immigration est à la fois une manne et une nécessité.

Miguel Sebastian s'est livré à une série de calculs pour évaluer le coût et l'apport des immigrés à la société espagnole. Selon ce non conformiste, recruté par M. Zapatero avant son élection, l'arrivée massive de 3 millions d'étrangers depuis 2000 en Espagne (ils sont aujourd'hui officiellement 3,8 millions) a été à l'origine de la moitié de la croissance (3,6 % en moyenne annuelle) des cinq dernières années. Cela représente une augmentation du revenu par habitant de 623 euros, due, pour l'essentiel, au haut niveau des créations d'emplois. La venue massive d'étrangers a, selon M. Sebastian, "réduit les problèmes des postes de travail non pourvus, amélioré la mobilité géographique et tiré à la baisse les salaires". Des 2,63 millions d'emplois créés entre 2001 et 2005, une moitié a été occupée par des étrangers, l'autre par des Espagnols.

Si l'on envisage la question en termes de comptes publics, les étrangers sont des contributeurs nets à hauteur de 4,8 milliards d'euros, ce qui représente 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) espagnol, autrement dit pas moins de la moitié des excédents des administrations publiques. Avec 8,8 % de la population, les immigrés n'absorberaient que 5,4 % de la dépense publique. Leur "consommation" est particulièrement mince en matière de santé (4,6 %), et leur contribution particulièrement bienvenue en matière de retraites (7,4 % de cotisation, 0,5 % des dépenses). Ce bilan très profitable à l'Etat espagnol tient naturellement au caractère récent de cette immigration : elle compte encore peu d'enfants, et encore moins de retraités et de personnes âgées, plus consommatrices de soins.

Selon M. Sebastian, le solde des immigrants au regard des administrations publiques augmentera au moins pendant encore cinq ou six ans, avant de commencer à décroître. Quant au régime des retraites, il bénéficiera de leurs cotisations nettes au moins jusqu'à 2030.

Cécile Chambraud
Source: Le Monde

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com