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Vision 2010: «Attention, on va droit dans le mur!»

Les six grands chantiers de la vision 2010 entamés en 2001 sont bloqués. On n’avance plus depuis 18 mois. Première nécessité: remettre de l’huile sur le feu: concrètement, plus de financements et de promotion.

«Si on continue comme ça, il faut le dire: on va droit dans le mur!», Jalil Benabbes-Taarji, président de la Fédération du tourisme (FNT) qui fête ses dix ans et Fouad Chraïbi, président de l’Observatoire du tourisme, sont alarmistes(1): l’enthousiasme du plan Azur s’émousse, le ministère de tutelle est impuissant selon Benabbes-Taarji et l’accompagnement ne se fait plus. Or «le tourisme doit rester la priorité économique du pays», martèle Benabbes-Taarji. La situation frôle le gouffre: si rien ne se passe d’ici fin décembre (projet de loi de Finances 2006), les budgets seront en stagnation depuis 2 ans, prévient le président de la Fédération.

La vision 2010 avait pourtant laissé place à une stratégie de l’offre codifiée. Aujourd’hui, nous assistons au phénomène inverse: le client arrive et il n’a toujours pas de lit. Et ce n’est qu’un exemple. Les chantiers prennent l’eau… Celui d’Aguedal (Marrakech) accuse un sérieux retard, le projet de l’aérogare de la ville ocre est au point mort, l’accueil et les services au niveau des aéroports battent de l’aile... Bref, 2005 est une année blanche, une année pour rien, explique le président de la FNT. Selon les professionnels et en substance donc l’environnement du tourisme n’avance pas. Depuis les dernières assises qui se sont déroulées à Ouarzazate en début d’année, les engagements n’ont pas tous été respectés: Fouad Chraïbi enfonce le clou. La fiscalité a trois ans de retard, «aujourd’hui, la montagne a accouché d’une souris». Seul Agadir tire son épingle du jeu, à la limite, et en termes de capacité avec 26.000 lits de comptabilisés à ce jour. Marrakech est bien placée également avec 29.000 lits (en incluant, pour les deux villes, les riads).

Du côté de la Fédération du tourisme: même combat. L’accord-cadre de 2001 comporte deux types de chantiers, quantitatifs (nombre de nuitées, de lits, d’arrivées…) et qualitatifs. Certains chantiers ont plus de 18 mois de retard également (conjoncture nationale et internationale morose). De même, ce qui interpelle davantage la Fédération, c’est l’environnement qualitatif, soit tout ce qui touche à la réglementation, au juridique, à la fiscalité… «Nous craignons un essoufflement de la vision 2010», lance Benabbes-Taarji. Selon lui, il faut capitaliser les chantiers (infrastructures autoroutières, notamment) car si l’on ne transforme pas l’essai –en accompagnant avec des budgets corrélés à l’offre-, l’euphorie risque de retomber, avertit le président de la FNT. L’activité touristique est au beau fixe, certes, à relativiser cependant puisque toutes les régions n’en profitent pas de la même manière. A préciser aussi que les autres régions du bassin méditerranéen connaissent elles aussi de fortes croissances, souligne Benabbes-Taarji.

La fédération recommande alors de maintenir la dynamique de la diplomatie gouvernementale en matière de développement touristique.
Les deux chantiers de 2005 sont incontestablement l’INDH et l’emploi, or le tourisme y est partie prenante en termes de développement. Il faut enclencher le cercle vertueux qui en découle.


Les préoccupations de la FNT

Le premier chantier concerne les ressources de l’ONMT (Office du tourisme): «Il n’a pas avancé», indique Jalil Benabbes-Taarji. L’évolution de l’offre donne lieu à un développement significatif des ressources de l’Office du tourisme de l’ordre de 15%, selon lui.
Le second projet sera de finaliser la plateforme clarifiant le financement des CRT (centres régionaux de tourisme). A ce jour, il existe autant de statuts qu’il y a de CRT, déplore le président de la FNT. Le troisième chantier, lui, concerne la fiscalité locale. Pour rappel, la proposition de la FNT est de fusionner les diverses taxes locales en une taxe unique.

Autre chantier, résoudre le conflit qui oppose la FNAVM (Fédération nationale des agences de voyages marocaines) à RAM quant à l’instauration, pour novembre 2005, du nouveau modèle économique (commission zéro).

Par ailleurs, trois autres chantiers concernant, eux, l’immobilier locatif à vocation touristique (ILVT) suivi par l’observatoire du tourisme, le guichet unique («3 ans de retard!» dixit Jalil Benabbes-Taarji) et le financement -au niveau des fonds propres essentiellement-.

Un point où la profession a avancé: une nouvelle grille tarifaire pour les hôteliers relative au prix de l’eau vient de leur être accordée le 5 juillet dernier et démarrera en décembre. Les établissements hôteliers ont obtenu d’être classé dans la catégorie industrielle. Un paradoxe: c’était déjà fait depuis longtemps pour l’électricité.

(1) Lors d’une rencontre organisée par la Fédération du tourisme à Casablanca, le 13 septembre.

Céline PERROTEY
Source : L'Economiste

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