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Colloque : Faut-il investir au Maghreb?

C’est autour de cette question que la CIC Lyonnaise de Banque a organisé un colloque, en présence de l’ancien ministre Hubert Védrine

“Nous n’avons pas choisi un sujet à la mode, puisque nous ne parlons pas de la Chine, mais du Maghreb”, lance Rémy Weber, pdg de CIC Lyonnaise de Banque. Pour fêter les vingt ans de son Club LB International – structure chargée d’accompagner le développement des PME à l’international – la banque a organisé le 2 décembre dernier un colloque sur le thème : “Les relations Europe/Maghreb, une chance pour les entreprises françaises ?” L’événement a attiré plus de 1 500 chefs d’entreprise au Palais des congrès. Parmi les intervenants, on notait la présence des ambassadeurs d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, mais aussi d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères.
Les rapports économiques entre la France et le Maghreb sont évidemment très forts. 1 600 entreprises françaises sont aujourd’hui installées au Maghreb et, comme le rappelle Rémy Weber, “les échanges commerciaux entre la France et le Maghreb représentent 17 milliards d’euros, soit l’équivalent des échanges avec la Chine.” Mais ces rapports privilégiés et historiques peuvent aujourd’hui s’étioler, du fait de l’émergence de nouveaux pays attractifs, comme les pays de l’Est, et la persistance de craintes par rapport à l’islamisme et à son bras armé, le terrorisme. Hubert Védrine se veut rassurant : “C’est évident qu’il y a des risques. Mais ne pas y aller ou ne pas y être assez sont aussi des risques. Il faut rappeler qu’aucune des prévisions très noires émises sur ces pays au cours des quinze dernières années ne s’est concrétisée.” L’homme martèle aussi à plusieurs reprises : “Nous ne sommes pas en terrain conquis ! Le Maghreb est aujourd’hui une zone très dynamique, qui ne nous est pas réservée. Il développe des contacts avec les États-Unis, l’Espagne ou encore l’Allemagne, qui y font de vrais investissements.”
Pour Mohamed Ghoualmi, ambassadeur d’Algérie : “Le problème de la guerre est définitivement derrière nous. En 1994, l’Algérie était quasiment en cessation de paiement. Aujourd’hui, elle a rétabli tous ses équilibres fondamentaux et son taux de croissance dépasse les 5 %. La part du privé dans le PIB est maintenant de 60 %. Enfin, si vous voulez investir en Algérie, sachez que vous pouvez être financé par les banques algériennes, qui disposent de 12 milliards de dollars pour cela.”
“Notre image n’est pas bonne et nous devons l’admettre, ajoute Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc, mais de là découle une mauvaise appréciation du risque. Il faut savoir que le taux de retour des entreprises françaises installées au Maroc est quasi-nul. Une fois passés les préjugés, nous nous comprenons bien. Et pour cause : nous parlons la même langue et nous sommes formés dans les mêmes écoles, en France et en Europe.”
Pas besoin de chercher loin les avantages qu’il y a à s’installer dans un pays maghrébin : une main d’œuvre bon marché, des charges sociales réduites, une fiscalité plus légère, mais aussi des coûts immobiliers très abordables.
En attendant de trouver une bonne complémentarité entre le vieillissement de la population européenne et la poussée démographique maghrébine, Hubert Védrine précise “que le taux de croissance du Maghreb signifie des besoins de plus en plus conséquents en équipements, habillement, etc.” et donc de nouveaux marchés à conquérir…

Céline Boff

Source: Lyon Capitale

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