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Quelle place pour la presse gratuite au Maroc ?

Le marché des titres de presse gratuits est en pleine effervescence au Maroc. Si, au début des années 1980, quelques journaux gratuits existaient, depuis 2005, le paysage des médias distribués gratuitement connaît des modifications significatives.

En effet, plus d’une vingtaine d’organe de presse écrite ont vu le jour. Qu’ils soient destinés à un lectorat arabophone ou francophone. Ainsi, des quotidiens (Au Fait, Assada Almassaia), des hebdomadaires (Sport) ou encore des mensuels (Plurielle) sont venus enrichir l’offre de lecture en matière de médias de presse écrite.

Qu’en pense la presse payante ? La presse gratuite est-elle perçue comme un concurrent ? Où, au contraire, comme un support…complémentaire ? Au sein du groupe Eco-Médias, éditeur du quotidien économique «L’Economiste», « Assabah » et du mensuel «L’Economiste magazine», on déclare que «lors du lancement de titre de presse gratuit, nous nous sommes montrés attentifs, mais depuis, on regarde la place occupée par ces médias avec beaucoup de recul», indique Nadia Salah, directeur des rédactions du groupe Eco-Médias.

Et sur le terrain économique ? Qu’en est-il des revenus publicitaires avec l’arrivée massive des gratuits ? Selon un observateur averti, la presse gratuite génère environ 50 millions de dirhams annuellement. Et c’est le groupe Géomédias (éditeur de Madinati, Plurielle, Sport) qui se taille la part du lion avec 17 millions de dirhams de revenus publicitaire pour l’année 2008.

Cependant, on est loin, très loin des 200 millions de Dh de revenus publicitaires générés par (seulement) le quotidien L’Economiste pour le compte de l’exercice 2008. C’est dire l’impact de la presse payante auprès des annonceurs publicitaires. Des annonceurs qui ne restent pas insensible à la présence des gratuits.

«La présence de titre de presse gratuit est une excellente chose pour le marché des médias au Maroc. Elle joue un rôle important avec un réseau de diffusion important combiné à une offre de lecture élargie. Etant donné que les titres sont de bonne qualité et que la cible est importante, les annonceurs s’engagent. Le marché de la publicité est sous exploité. Du coup, la presse gratuite, comme du reste la payante, a une belle marge de progression. Il lui faut tout simplement répondre aux attentes et exigences du client», rétorque Hicham Marhoum, directeur général de la société Mindshare, spécialisée dans la publicité et les médias.

Pionnier en Afrique du nord, le Maroc a pris une longueur d’avance sur ces voisins algériens et tunisiens en matière de lancement de titre de presse gratuit. Une réalité qui ne doit pas masquer les déficits et autres contraintes du marché des médias de presse écrite (presse payante et gratuite confondues).

En effet, le réservoir de lecteurs au Maroc est d’environ 350 000 personnes – quelle frontière entre la presse payante et gratuite en terme de revenus publicitaires ? – et, selon certains, il y aurait 4 millions de personnes qui potentiellement pourraient devenir des lecteurs.

Comment atteindre l’objectif d’élargir l’assiette du lectorat au Maroc ? Lorsque l’on sait que seulement 50% du territoire est «desservi» par les réseaux de distribution, que le taux d’analphabète est conséquent (on ne rentrera pas dans la bataille des chiffres), on peut se montrer pessimiste sur la capacité des médias, payants et gratuits, à attirer de nouveaux lecteurs.

Rachid Hallaouy
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