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Maroc-Espagne: La réalisation du tunnel sous Gibraltar compromise ?

C'est l'entreprise espagnole chargée de la réalisation du tunnel qui le dit : la construction de ce dernier pourrait être compromise à cause de la structure géologique du détroit.

Le tunnel du détroit patauge dans l'argile. Du coup, sa réalisation semble sérieusement compromise. C'est du moins ce que vient d'affirmer un responsable de SECEG, la société publique espagnole en charge du projet conjointement avec la marocaine SNED. En effet et selon des récentes déclarations au quotidien El Pais (dimanche 28septembre) du président de la «société espagnole d'études pour le lien fixe à travers le détroit de Gibraltar», SECEG, «il n 'est pas du tout clair que le projet puisse se faire». La déclaration, faite sur la base des résultats de la dernière grande étude de faisabilité que vient de conclure un consortium de cabinets spécialisés jette un pan d'ombre sur le projet. Au stade où en est actuellement la technologie en la matière, des doutes pèsent sur la concrétisation de ce projet de lien fixe entre deux continents. Et pour cause, la présence de deux portions argileuses au centre du détroit qui rend incertaine la possibilité de percer le tunnel. Les premières conclusions livrées par les experts du prestigieux bureau Giovanni Lombardi montrent, en effet, que «le fond du détroit de Gibraltar est traversé par deux paléo-canaux remplis, pour l'essentiel, d'argile dont on n'est pas sûr qu'ils puissent être traversés par un tunnel ferroviaire», rapporte le quotidien espagnol qui cite un expert du cabinet. Toutefois, explique-t-on auprès de ce même cabinet, il faudrait entreprendre des études supplémentaires pour en avoir la certitude. Les experts du consortium dirigé par l'entreprise espagnole Typsa proposent, en effet, de creuser une galerie de reconnaissance, de six mètres de diamètre, à partir du cap Malabata, au Maroc, pour pouvoir se prononcer d'une manière définitive sur la possibilité de creuser le tunnel. Les sondages océanographiques ne sont pas encore assez précis pour permettre de trancher, argue-t-on. Seulement, cette option alourdira davantage les coûts de réalisation du projet et prolongera de plusieurs années la durée des travaux. Cette solution rallongera, en effet, le délai de construction du tunnel d'au moins huit ans et nécessitera une enveloppe supplémentaire de 900 millions à un milliard d'euros. Cela, d'autant plus que les frais engagés dans cette galerie expérimentale ne seront pas rentabilisés puisqu'il n'est pas certain qu'elle soit reconvertie en galerie de service.

Pour l'heure, l'on n'en est qu'aux premières conclusions de l'étude. Une fois celle-ci achevée, un rapport sera soumis aux deux sociétés publiques chargées du dossier, l'espagnole SECEG et la Société nationale des études du Détroit, SNED. Ce sera à ces dernières de «recommander aux deux gouvernements d'attendre l'apparition d'une nouvelle technologie ou d'entamer des travaux de construction d'une galerie expérimentale ou encore de chercher une solution alternative», souligne le président de la SECEG. Or, conclut le journal, «il est pratiquement impossible de trouver une solution de rechange actuellement». Les premières conclusions de l'étude de faisabilité du projet tombent à un moment où le dossier allait négocier un virage décisif. Le Maroc et l'Espagne s'apprêtent en effet à porter le projet devant l'Union européenne dans moins de deux semaines. Le 13 octobre prochain, les ministres des Affaires étrangères et de l'Equipement et du Transport du Maroc et de l'Espagne se rendront ensemble à Luxembourg pour présenter le projet du tunnel au Conseil des Affaires générales de l'Union européenne dans le but d'obtenir l'appui institutionnel et dans un second stade, celui financier. A noter que le projet de la liaison fixe est le seul projet international à avoir fait l'objet d'un suivi systématique de la part du Conseil économique et social de l'ONU devant lequel il a été exposé en avril 2005. Le dernier rapport, élaboré en 2007, a fait l'objet d'une résolution adoptée par le Conseil qui a insisté sur ses retombées bénéfiques.

Tahar Abou El Farah
Source: Le Soir Echos

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