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Pression à la hausse des taux d’intérêt au Maroc

Ce n’est pas une surprise. Le loyer de l’argent est un peu plus cher que par le passé. Depuis le début de l’année, les taux débiteurs moyens pondérés ont augmenté d’au moins 60 points de base. Dans une de ses dernières publications, Bank Al Maghrib relève, entre autres, que «les taux des prêts immobiliers, historiquement plus faibles que les autres taux, se sont accrus d’un trimestre à l’autre, en raison partiellement de la hausse des taux sur les bons du Trésor au terme des derniers trimestres».

En évoquant précisément ce segment de marché, la direction des études et de la prévision financière (DEPF) met justement en garde contre «une hausse des taux d’intérêt, associée au surendettement».

Les taux sur les facilités de trésorerie ont également pris quelques points en raison notamment de l’appréciation de la demande des produits agricoles. Dans le sens inverse, les crédits à la consommation et à l’équipement ont vu leur coût se replier pour le deuxième trimestre consécutif. Pour ces deux catégories, il est évident que nous ne sommes pas sur une tendance à moyen et long terme.

Le contexte est tel que de manière générale il y a plus de pression à la hausse qu’à la baisse. «Nous ne sommes plus dans une situation d’abondance de liquidités», constate un banquier tout en soulignant que la situation n’est pas pour autant dramatique.

Néanmoins, cette source insiste sur le fait qu’il est nécessaire de prendre conscience de cette question dès à présent pour ne pas en subir les conséquences dans un horizon d’une année. Dans le secteur, cette analyse est bien partagée. Nombre de professionnels mettent l’accent sur la croissance effrénée des concours bancaires durant ces deux dernières années.

Ils avaient progressé de 28,2 % à fin décembre 2007, comparativement à la même période de 2007. Pour les premiers mois de l’année, leur rythme de croissance reste toujours plus élevé. A fin mai, le volume s’est apprécié d’environ 7% par rapport à décembre, alors que les dépôts augmentaient de matière toujours moins soutenue (+5% environ).

C’est dire que le coefficient d’emploi est maintenant proche des 80%, contre 76 % en décembre 2007, 70 % en 2006 et 53% en 2002. Evidemment, toutes les banques ne vivent pas la même situation. Il y en a qui sont encore très à l’aise.

Mais au rythme actuel, il est clair que la baisse du taux de la réserve monétaire obligatoire à placer chez la Banque centrale, intervenue en janvier (de 16,5% à 15 %), n’a eu qu’un faible effet. En privé, certains cadres confient qu’il est impératif que Bank Al Maghrib fasse un autre geste pour desserrer l’étau.

A défaut d’avoir une baisse de 5 points jugée mieux à même de répondre aux exigences de l’heure, un analyste souligne que les banques ne cracheraient pas sur un ou deux autres points de baisse.

Seule solution : le renforcement des fonds propres
Mais c’est sans compter avec les préoccupations de lutte contre l’inflation, une priorité pour la Banque centrale. Lors de sa réunion du 17 juin, elle a, à juste titre, relevé que l’inflation en glissement annuel s’est établie à 3,7% au lieu de 3,2% en mars et 2,4% en février.

De même, l’inflation sous-jacente s’est maintenue à un niveau élevé : 4,8% en avril, après 4,7% un mois plus tôt. Dans une conjoncture marquée par une hausse continue des produits de base et des hydrocarbures, il est peu probable qu’il y ait une accalmie. Dès lors, on voit mal les autorités monétaires lâcher du lest. D’ailleurs, quand bien même le taux directeur ait été maintenu à 3,25%, le conseil de BAM scrute tout événement de nature à peser sur les prix intérieurs.

Pour le secteur bancaire, la poursuite de l’expansion découlera donc d’initiatives internes qui ont un impact à long terme. C’est-à-dire plus d’efforts en matière de collecte, renforcement des fonds propres par des opérations d’augmentation de capital ou assimilées et appel public à l’épargne par le biais de l’émission de certificat de dépôts. Déjà pour attirer les épargnants, elles ont augmenté de plus de 10 points de base la rémunération des dépôts à terme à 6 et 12 mois. Pour un dépôt à un an, certaines banques offrent 4%. Et forcément la hausse du coût du refinancement est répercutée sur le client. Les premiers en à faire les frais sont comme d’habitude les particuliers et les PME.

Source: La Vie Eco

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