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Le Maroc peut atteindre 10,3 millions de touristes en 2010 malgré la crise

L’analyse de l’observatoire part de données vérifiées lors de précédentes crises (première guerre du Golfe et attentats du 11 septembre 2001, entre autres) qui montrent qu’une période de grave tension impacte négativement l’évolution du tourisme sur une durée de deux ans.

Ainsi, en raison de la guerre du Golfe, déclenchée au milieu de l’année 1990, les arrivées de touristes étrangers (hors MRE et touristes algériens) avaient reculé cette année-là de 5% par rapport à la précédente.

La situation a empiré en 1991 puisque les arrivées ont encore chuté de 25% comparativement à 1990. Une reprise s’est amorcée en 1992, avec une hausse de 39% par rapport à la précédente.

De la même manière, les baisses constatées en 1994
(-7%) et 1995 (-5%) sont la conséquence des événements de Marrakech (attentat de l’hôtel Atlas Asni), même si cette crise n’a pas été retenue pour l’étude.
Le même schéma s’est reproduit après les attentats de septembre 2001, avec une baisse du nombre de touristes de 1,2% en 2002 et une quasi-stagnation à +0,1 en 2003, un arrêt en pleine course puisque l’année 2001 s’était soldée par une hausse de 26,9%.

Quatre pays se partagent 70% des arrivées de touristes en Afrique
L’étude de l’Observatoire du tourisme part donc de l’hypothèse d’un impact négatif de la crise économique aux Etats-Unis sur les pays européens qui nous fournissent le plus gros de nos touristes étrangers.

Plus précisément, elle retient les conséquences de cette crise américaine sur 6 pays qui nous fournissent 80% des arrivées touristiques, à savoir la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique, l’Italie et le Royaume-Uni, tous relativement épargnés mais connaissant actuellement des situations économiques préoccupantes en raison de la hausse du prix de l’énergie et des produits alimentaires qui y ont érodé le pouvoir d’achat. Dans de telles conditions, on sait que c’est la rubrique voyages qui est sacrifiée en premier dans le budget des ménages.

Pour faire ses prévisions, l’observatoire envisage trois scénarios pour la période 2008-2010. Le premier, optimiste, prévoit une croissance de l’activité touristique de 14,2%, calculée sur la base de la moyenne des 5 dernières années (2002-2007).

Les arrivées de touristes internationaux atteindraient ainsi 8,3 millions en 2008, 9,2 millions en 2009 et finalement 10,3 millions de touristes en 2010. Mais, d’après l’étude, ce scénario semble peu crédible puisque, d’une manière ou d’une autre, il existe bel et bien une crise économique dans les principaux marchés émetteurs, qu’on ne peut pas ignorer.

En revanche, le deuxième et le troisième scénario sont plus réalistes, car ils se basent sur un impact moyen de la crise américaine sur les économies européennes, une hypothèse d’ailleurs confortée par les projections de nombreuses institutions internationales, dont le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et la Banque centrale européenne (BCE).

Ainsi, pour le deuxième scénario, dit intermédiaire, l’observatoire retient l’hypothèse haute de l’OMT qui prévoit une croissance des arrivées de 8% sur les deux prochaines années pour les pays africains, alors que le tourisme mondial progresserait de 3% seulement.

Il faut noter, à cet égard, que quatre pays, notamment le Maroc, l’Afrique du Sud, la Tunisie et l’Egypte, drainent à eux seuls 70% des touristes du continent africain.

Dans ce cas de figure, et selon les pronostics de l’observatoire, le Maroc clôturerait l’année 2008 avec 8 millions de touristes et accueillerait 8,7 millions en 2009 et 9,6 millions en 2010.

Quant au troisième scénario, tablant sur un fort ralentissement de l’activité touristique, il prévoit une hausse de 6% des arrivées pour les deux années à venir (hypothèse basse de l’OMT pour l’Afrique sur les deux prochaines années, contre 3% pour le monde). Le nombre des arrivées de touristes internationaux atteindrait alors 7,9 millions en 2008, 8,5 millions en 2009 et 9,5 millions en 2010.

Ainsi, quelle que soit la conjoncture, et selon les trois scénarios, le Maroc atteindrait en 2010, dans le pire des cas, 9,5 millions de touristes, et dans le meilleur des cas 10,3 millions, ce qui, de toutes les manières, n’est pas très loin de l’objectif fixé par l’accord d’application.

Ceci étant et l’étude le reconnaît, cette analyse se fonde uniquement sur la conjoncture économique internationale, alors que le tourisme reste un secteur fragile et sensible à tous les aléas, et où, souvent, des décisions ou des événements tout à fait inattendus peuvent chambouler toutes les prévisions.

Mohamed Moujahid
Source: La Vie Eco

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